I’m Batman…

Gotham, on le sait, n’est pas une ville très fréquentable. Là, elle est tombée sous le joug d’un maire corrompu et d’un scientifique psychotique, le professeur Hugo Strange, qui en a transformé toute une partie en cité-prison, la bien-nommée Arkham City. Bruce Wayne en devient un des nouveaux pensionnaires et doit très vite se défendre des hordes de bagnards qui en veulent à sa vie. Sachant qu’il n’est plus du tout l’heure de jouer au playboy milliardaire, notre héros se mue en Batman et, avec le concours de quelques alliés, enquête au sein même de la cité carcérale pour mettre au jour le complot ourdi par l’ignoble Strange. L’occasion pour lui d’en découdre avec de vieux ennemis tels que Le Pingouin, Double-Face, The Riddler, Mr Freeze, Ra’s Al Ghul, Harley Quinn et bien sûr… le Joker. Un Joker toujours aussi cruel et rigolard mais mourant depuis qu’il s’est injecté le venin à la fin d’Arkham Asylum. En possession d’un otage, le clown force ainsi Batman à lui trouver un antidote. Le justicier a toute une ville à explorer pour le trouver.

Sorti en 2009, Batman : Arkham Asylum s’imposait en son temps comme un miracle vidéoludique. Des jeux consacrés à Batman, il y en avait eu une flopée depuis deux décennies mais celui-ci nous donnait enfin suffisamment de latitude pour nous sentir dans la peau du Caped Crusader, passant d’un toit à un autre, observant nos ennemis du plafond pour mieux fondre sur eux, nous infiltrant dans des locaux sans être vus. Nous étions enfin la Chauve-souris au sein d’une intrigue qui, supervisée par Paul Dini himself (scénariste du dessin animé culte des 90’s) reprenait très librement la trame du comic de Grant Morrison et Dave McKean, Asile d’Arkham. Le jeu fut un tel succès que Rocksteady Studios nous en offrit deux ans plus tard une suite encore plus aboutie, nous permettant cette fois d’incarner Batman en monde plus ouvert dans une Gotham sordide, uniquement peuplée de gangs et de tueurs psychotiques plus ou moins connus. Coupée du reste du monde par un conglomérat aux velléités dystopiques, Arkham City faisait écho à la Gotham City de l’arc No man’s land dans les comics. Un arc lui-même inspiré du postulat du film de John Carpenter, New York 1997.
Des gangs dominés par les vilains les plus connus de la mythologie de Gotham s’y disputent le contrôle de la cité via une guerre de territoires à laquelle seule Batman peut mettre fin. Encore faut-il que ce dernier puisse mettre au jour le complot à la source de ce cauchemar dystopique.

Une direction artistique à tomber, des graphismes à se faire frire les rétines, une jouabilité souple, idéale pour les feignasses du pad : Arkham City était le rêve devenu réalité de tous les fans du batverse. Avec toute une flopée de vilains affreux à tabasser et d’immeubles sinistres à escalader. On y croisait tout le gratin de l’asile d’Arkham mais aussi quelques vilains de seconde zone tels que Solomon Grundy, Hush ou encore Azraël. Certes, l’ensemble peut parfois sembler répétitif, notamment les phases de bourre-pifs à un contre vingt. Ça restait un beat’em all de luxe mais bon sang quel plaisir des yeux ! Et quelle joie de retrouver cette bonne vieille fripouille de Joker, pourrissant dans son recoin d’ombre, mais toujours le mot ou le couteau pour rire, même à l’article de la mort. On remarquera d’ailleurs que c’était encore Mark Hamill qui lui prêtait sa voix suave et inquiétante. La conclusion du jeu, avec son ironie funèbre et sa petite chanson d’amour finale, sonnait presque comme un adieu de l’acteur à son second plus célèbre rôle (qui prêterait à nouveau sa voix au clown dans les jeux Arkham Knight, Arkham VR et Lego DC Super-Villains. Un peu comme si le Joker disait enfin à Batman, clairement et une fois pour toute : “Je t’aime ma biche !“.

Oui, Arkham City, c’est toujours le game indispensable pour tous les amoureux du batverse. Arkham Asylum n’était qu’un hors d’œuvre, un prototype pour envisager cette suite en monde ouvert. Arkham Knight en sera une digne continuité, plus élaborée, support oblige. Mais cet Arkham City, c’est le jeu auquel j’aurai rêvé de jouer étant gosse, alors que n’existaient que des adaptations en 2D des films de Burton et de Batman The Animated Series sur Nes, Super Nes et Megadrive. Arkham City, c’est aussi un jeu auquel il est toujours bon de jouer aujourd’hui. Ne serait-ce que pour battre le pavé (ou plutôt les tuiles) d’une Gotham plus belle que rêvée. Et s’imaginer hanter les cimes urbaines de cette cité sordide et baroque, digne des meilleurs comics. Tout est là. Dans ce seul jeu. Le premier qui vous permette vraiment de vous évader à Gotham et de proclamer le temps de quelques parties : I’m Batman.

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