Batsy au pays des cinglés.

C’était quoi un jeu Batman dans les années 90 ? Un mini Michael Keaton en seize bits ? Une adaptation de Batman The Animated Series par Konami ?
Des beat’em all en 2D sur Nes, Supernes, Megadrive ?
Ou bien un Return of the Joker tellement immonde que tout son staff de programmeurs organisèrent leur suicide collectif pour échapper à l’ire des fans ayant acheté leur jeu ?
Dans l’ensemble, tous les jeux Batman de 89 à 2005 ne furent que des jeux à licence (jusqu’à l’adaptation de Batman Begins), sans ambition, mais pensés pour n’être que des transpositions vidéoludiques de films ou séries préexistantes.

Puis un jour, Rocksteady Studios balança Batman : Arkham Asylum à la gueule des fans du Caped Crusader. Et ceux-ci remercièrent le ciel d’avoir survécu à Batman Gotham City Racer pour voir ça. Vaguement adapté du comic éponyme de Morrison et McKean (en moins sombre) mais doté d’une intrigue (écrite par Paul Dini), d’un game design et de fonctionnalités inédites, Arkham Asylum balaya à lui-seul près de trente ans d’adaptations vidéoludiques sinon foireuses, au moins redondantes. À peine transféré à Arkham, le Joker s’y débarrasse des gardiens, condamne toute la prison et provoque une émeute en libérant les prisonniers. Enfermé dans ce cauchemar carcéral, Batman n’aura d’autre choix que de cogner du psychopathe, libérer quelques matons pris en otages, et affronter certaines de ses bêtes noires les plus célèbres, parmi lesquelles le sympathique Épouvantail, la plantureuse Poison Ivy, un Bane surdopé, un Croco géant flippant (pléonasme) et un Joker… surdopé. Beaucoup d’ennemis big size et VIP donc, dans cette variation sympa de Brucie au pays des cinglés.

En 2009 donc, on n’est plus sur Megadrive. En HD, votre Batman a enfin de la gueule et des aptitudes dignes des acrobaties de son modèle papier. Du coup, profitant d’une maniabilité de dingue, on fait mumuse à chasser et casser du taré, à se dérober à la vue de ses ennemis, à faire flipper les hordes de psychos incapables de voir la chauve-souris qu’ils ont au plafond. Il y a même une phase où on se fait bien peur, pourchassé par Killer Croc dans le dédale immonde des égouts de l’asile. Le Joker, lui, nous fait son show jusqu’à se transformer en immense enfoiré, tellement musculeux qu’il en donnerait des complexes à Hulk et ferait passer Dwayne Johnson pour Willy Rovelli.
C’est là, à la toute fin du jeu, alors que tout le monde se change en Musclor, que cet asile se barre un peu en couille. Juste assez pour que Batsy et son Joker se brouillent. Alors même que ce dernier tente de nous foutre la trouille.

Mais le colosse qui rit finissant par se dégonfler, tout finit bien : l’homme déguisé en chauve-souris boucle tous les tarés (sauf lui), ceux-ci regagnent leur charmant petit quatre mètres carrés et l’Épouvantail finit même par se faire croquer.
Et le joueur, lui, après cette longue incursion en milieu fêlé, se découvre une passion pour la psychiatrie, apprend les notions de seconde topique et d’inconscient collectif, et, plus studieux que jamais, jette tous ses comics pour se plonger dans les œuvres passionnantes de Sigmund Freud, de Carl Jung et d’Alfred Adler. Qui a dit que les jeux rendaient cons ?

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