Dans ma collection “J’aime me trépaner la cervelle en matant des purges”, les Transformers du sieur Bay occupent une place de choix. Déjà parce que Michael Bay a toujours maintenu son niveau de bêtise à un niveau stratosphérique, jusqu’à agrémenter chacun de ses opus d’un mauvais goût, de cadrages brouillons et d’approches stylistiques lamentables. Et ce, qu’il s’agisse des cinq premiers films de cette “saga” ou de nombre de ses films antérieurs (les très mauvais Bad Boys 2, Pearl Harbor ou Armageddon).

Bay reste clairement ce cinéaste démissionnaire qui a longtemps entretenu le rêve d’égaler ses idoles, Steven Spielberg, James Cameron et John McTiernan, sans jamais s’en donner les moyens. Déléguant continuellement ses séquences d’action en CGI à ses équipes de prévisualisation (les infographistes font bien 80% du taf dans ses Transformers), le cinéaste supervise et sélectionne, se couvrant toujours par le filmage en trois quatre caméras simultanés (ce qui revient très cher le tournage), tout en se disant qu’il sera toujours temps de choisir le plan approprié en salle de montage. Une approche très différente de certains grands cinéastes tels que Spielberg, Cameron, Ridley Scott, George Miller ou John Carpenter qui, eux, ont l’habitude, peu importe le budget qui leur est alloué, de savoir généralement quels plans ils veulent pour leurs séquences.

En résulte donc, une saga de “SF” pour (grands) enfants qualitativement à l’image de l’ensemble de la filmographie de Bay : une belle photographie et quelques (rares) idées visuelles, systématiquement sacrifiées par les parti-pris stylistiques aberrants du tâcheron, qui secoue sa caméra dans tous les sens quand il ne sait pas comment narrer l’action, élabore des séquençages de plans trop rapides (vive les enchainements de plans de 3-4 secondes), chie volontairement tous ses climax, et copie bêtement l’approche de Spielberg sur La Guerre des mondes en privilégiant le filmage des humains plutôt que ses robots dans nombre de séquences d’action, sans jamais se dire que ce qui était justifié par l’horreur et la narration quasi-subjective dans La Guerre des mondes ne l’est plus du tout dans un Transformers, où les enfants et les fans du premier dessin animé (que je ne suis pas), eux, veulent clairement voir de la tôle froissée un minimum réaliste, plutôt des blagues scatos (certains Autobots ont des kikis et l’un d’eux fait pipi sur John Turturro) et du sexisme de haut niveau (voir la première apparition de Megan Fox et la caméra qui s’attarde allègrement sur ses formes).

Robots aliens qui parlent tous anglais sur leur planète natale, origines de Cybertron jamais vraiment expliquées, le vilain Megatron bazardé à la fin du 5ème film sans qu’on comprenne ce qui lui est arrivé, Bumblebee qui arrive sur Terre durant les années 80 dans le film Bumblebee mais qui était pourtant déjà là durant la Seconde Guerre Mondiale dans The Last Knight, ne cherchez pas le moindre souci de cohérence dans la saga car il n’y en a pas. Il s’agit juste d’une franchise produite pour faire fructifier les comptes d’un fabriquant de jouets, et orchestrée par un producteur (Spielberg est très loin de s’investir artistiquement autant que dans les années 80) et un réalisateur (Baaaay…) qui, s’il n’en a pas parfois visiblement rien à foutre, n’a jamais l’intelligence de chercher à se transcender, ni même à se transformer.

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