Guitar heroes

À chaque écoute, c’est toujours la même chose.

Je tends l’oreille pour entendre la foule immense rassemblée autour de la scène de Donington.

Pendant près d’une minute, rien que les cris exaltés de milliers de fans, les sifflements, les grondements. Mon esprit se prépare au plaisir d’entendre les premières notes d’Angus. Le son de sa guitare pourfend soudain le tumulte général et le génie entame son riff virtuose qu’il tiendra près de deux minutes.

Le concert débute ainsi par un pur concentré d’énergie musicale avec Thunderstruck, véritable titre-phare du groupe, idéal pour amorcer les deux heures pharaoniques qui suivront.
Je ne me lasse jamais de cette ouverture, de ce public et du groupe scandant le même mot, de cette invocation du tonnerre, de cette guitare endiablée qui lui répond sans cesse… Et de la voix éraillée de Brian Johnson, aussi forte et vicelarde que celle d’un démon surgi des tréfonds de l’enfer.


“Sound of the drums, beating in my heart
The thunder of guns, tore me apart
You’ve been… thunderstruck”


Mais Thunderstruck ne suffit bien évidemment pas à décrire l’excellence de cet album live, réunissant tous les meilleurs morceaux de la tournée The Razors Edge de 1991 dont le fameux concert au festival de Donington. Tout dans ces deux galettes nous rappelle le génie musical et scénique du groupe des frères Young, le pas de canard d’Angus piqué à Chuck Berry, ses intros virtuoses qu’il joue toujours en transe, la batterie folle de Chris Slade et les accompagnements parfaits de Malcolm Young. Ne restait plus que la voix de Bon Scott, le fameux éclair manquant, ici bien remplacée par celle de Johnson.

Le groupe nous offrait un éventail de leurs titres parmi les plus cultes, du riff inoubliable de Back in Black à l’intemporel Highway to hell, véritable parangon du genre, en passant bien sûr par le crescendo dantesque de Heatseeker, les ruptures tonales de TNT et la mélodie inquiétante de Hells Bells, dont les élans de guitare se calent sur le gong d’une cloche semblant sonner l’apocalypse. Mais il y a aussi les titres moins connus du grand public, les Shoot to thrill et Who made who, les plus pop Moneytalk et You shook me all night long, et le très bluezy The Jack, l’ensemble culminant dans cette formidable communion rock qu’est le morceau For those about to rock (we salute you). Ne manquaient plus que des titres comme Girls got the rythm et If you want blood (you’ve got it) pour compléter le tableau, déjà fort grandiose.


“Hail hail to the good times
Cause rock has got the right of way
We ain’t no legend, ain’t no cause
We’re just livin’ for today”


Quel plaisir de réécouter ces morceaux, encore et encore, malgré mes oreilles sensibles. Je ne compte plus le nombre de fois où ils ont joué et chanté pour moi.

Il s’agit simplement d’un putain de moment de transcendance musicale. Du meilleur de ce qu’a pu offrir le rock dans son siècle d’histoire.
Du meilleur de ce qu’on puisse encore entendre de nos jours.

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