Adaptée de la série de romans de Jeff Lindsay, Dexter fut de ces séries imparfaites mais néanmoins addictives qui firent les beaux jours des TV addicts des années 2000. Reposant sur la particularité d’un anti-héros tueur en série n’assassinant que des meurtriers, la série de Showtime dura 8 saisons, diffusées de 2006 à 2013, avant de se conclure sur une fin ouverte, abandonnant le personnage à sa culpabilité et aux conséquences de ses actes.
La mode des revivals télévisuels ayant émergé dès 2016 avec les 10ème et 11ème saisons d’X-Files, Showtime en profita pour nous proposer en 2021, une mini-série sous forme d’ultime saison de Dexter, intitulée Dexter : New Blood.
Michael C. Hall se faisant assez rare à l’écran (In the shadow of the moon, Safe), c’était ainsi l’occasion idéale de le retrouver dans le rôle qui l’avait rendu célèbre.

Dix ans ont passé depuis la disparition de Dexter. Bel et bien vivant, ce dernier a refait sa vie sous le nom de Jim Lindsay, dans un patelin glacial du nord de l’état de New York, loin, très loin du climat torride de la Floride.
Jouant la comédie de la normalité, parfaitement intégré dans une communauté où il officie en tant que vendeur dans une boutique de matériel de chasse et pêche, Dexter n’a tué personne depuis sa fuite de Miami. La faute à sa frangine qui, à l’image de son père adoptif, le hante jour et nuit pour l’empêcher de céder à ses pulsions.
Las, la bêtise d’un jeune homme le poussera à retrouver ses vieilles habitudes. Mais une fois le cadavre sur les bras, notre sympathique serial killer aura bien du mal à trouver comment s’en débarrasser. D’autant plus que le père de sa victime, un notable de la région, fera tout pour retrouver son fils. Mais ce n’est que le début des problèmes pour Dexter qui comprend bientôt qu’il n’est pas le seul psychopathe à sévir dans le coin et qui voit un beau jour le fils qu’il a abandonné, Harrison, débarquer chez lui.

Premier constat : l’exposition est longue, trop longue. Tout est prévisible (les apparitions de Deb, le meurtre du petit con, l’arrivée d’Harrison…) et il faut bien attendre quatre épisodes pour voir enfin l’intrigue décoller. Si les scénaristes ne font pas grand mystère de l’identité du nouvel adversaire de Dexter, force est de constater qu’ils se vautrent rapidement dans tous les écueils de la série originale. Des facilités déconcertantes, un florilège d’incohérences (comment les flics ont-ils pu louper les traces de sang dans la neige ? Comment personne n’a-t-il jamais remarqué le pavillon secret du tueur ?), une intrigue mal structurée qui ne sait pas que faire de certains de ses nombreux personnages (présenté dès le premier épisode comme un potentiel antagoniste, le personnage du milliardaire ne sert absolument à rien et disparaitra d’ailleurs sans aucune explication dès le quatrième épisode).

Comme bon nombre de saisons de la première série, Dexter : New Blood pâtit d’une intrigue inégale, plombée par des choix narratifs malencontreux. On a parfois l’impression que les scénaristes avancent au radar, sans savoir quoi raconter. Heureusement la seconde partie de la série verra enfin l’intrigue décoller, mettant une fois de plus en parallèle les trajectoires de Dexter et de son nouvel adversaire tout en plaçant le jeune Harrison au centre des enjeux. Tout cela s’acheminera sans surprise vers une résolution tout ce qu’il y a de plus logique et donc attendue.

Si les fans de la série originale peuvent prendre plaisir à retrouver l’anti-héros, cette ultime saison s’avère hélas clairement une des plus faibles (un rien meilleure que la sixième ceci dit) et confirme la qualité décroissante du travail des scénaristes sur le show. Seule la présence de Clancy Brown permet de sauver l’ensemble. Le célèbre Kurgan se montrant relativement peu présent sur les écrans (l’acteur fait beaucoup de doublage), il constitue ici un adversaire de choix pour Dexter dans la mesure où il renvoie quelque-part à la menace intime que représentait le tueur de la Trinité durant la quatrième saison. Il est seulement dommage que son personnage n’ait pas été développé plus intelligemment.

Mais bon, Dexter Morgan lui, bénéficie d’une meilleure rigueur d’écriture, son personnage se retrouvant enfin en difficulté et percé à jour par la justice. Poussé dans ses derniers retranchements, ce cher Dexter trahit aussi clairement son côté vrai psychopathe (le fameux “dark passenger”) faux justicier, notamment au contact de son fils retrouvé (voir comment Harrison s’évertue à toujours chercher la justice derrière les actes de son père). Ce fils que Dexter voit comme le confident qu’il a toujours cherché, le complice éventuel qui le sauvera de sa solitude de tueur. Mais qui s’avère être aussi le seul être qu’il aime bien assez fort pour vouloir le préserver de ce qu’il est.

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