Au risque de me vautrer dans un lieu commun, le métier d’enseignant mérite autant de respect que d’admiration, voire parfois de compassion, et on n’insistera jamais assez sur son importance. Mais soyons honnêtes, on a tous eu, au collège ou au lycée, un prof ou une prof qu’on ne pouvait pas piffrer et réciproquement. Le genre d’individu soit disant digne de respect mais qu’on truciderait pourtant volontiers à coups de compas ou de stylos plume si la loi ne sanctionnait pas sévèrement le meurtre.
En ce qui me concerne, c’était ma prof d’espagnol qui, à chacun de ses cours, mettait durement à l’épreuve mes pulsions psychopathes (Hola Martine ! Qué tal ?).

The Faculty joue sur ce doux fantasme d’étudiant.
Dans un lycée du trou du cul des states, une poignée d’élèves découvrent que leurs profs ont été infectés par des parasites extra-terrestres et ont pour projet d’étendre l’invasion dans tout le globe jusqu’à asservissement total de l’humanité. Le prétexte idéal pour sécher les cours et crever un oeil à son prof de biologie.
Bien sûr, la poignée de jeunes héros combattant cette invasion ont tout des stéréotypes attendus (cancre cool, quaterback populaire, sa copine superficielle, une gothique mal dans sa peau, un souffre-douleur pas fana des poteaux, et la nouvelle élève énervante qui veut copiner avec tout le monde). Leurs profs, quant à eux ne seront pas mieux lotis (des hypocrites dépressifs, alcooliques, tyranniques ou mal dans leur peau) et se métamorphoseront tous en pervers sous xanax, assoiffés d’eau minérale (les toilettes de leur lycée y sont les plus encombrées du monde).
Incapables de se faire entendre de leurs parents (quel daron écoute son ado de toute façon ?), nos lycéens survivalistes vont donc sniffer un peu de poudre en stylo pour élaborer un plan génial visant à démasquer la reine alien à l’origine de l’invasion. Car il est bien connu que, SF low cost oblige, si l’on tue la reine des parasites, on éradique avec elle toute la menace extra-terrestre.

Dans les petits papiers des frères Weinstein, Bob et Porky, le scénariste Kevin Williamson ne se triturait pas trop les méninges pour proposer quelque-chose d’innovant mais nous pondait un vague décalque de son meta-slasher à succès, Scream. Il en reprenait la structure et le whodunit (lequel des personnages est l’alien à l’origine de l’invasion ?), surfait allègrement sur la hype autour de Buffy contre les vampires et nourrissait son intrigue de quelques idées empruntant autant aux classiques de la littérature SF (Robert Heinlein, John W. Campbell et Jack Finney) qu’à des films cultes du genre, type Body Snatchers ou The Thing, dont on trouvera ici une variation soft de la fameuse scène du test sanguin, le talent en moins.

Conscient que son script de trente-huit pages et demie ne lui permettra pas d’en tirer un chef d’oeuvre du genre, Robert Rodriguez s’acquittait de la commande de Miramax sans péter plus haut que le nez d’Elijah Wood et tentait d’en tirer quelque-chose d’à peu près présentable. Quelques gueules connues (Salma Hayek, Famke Janssen, Jon Stewart, le T-1000 Robert Patrick), une musique très screamienne du maestro sans orchestre Marco Beltrami, une reprise pouilleuse d‘Another Brick in the Wall, des jump scares pour péteux, un suspense aussi tendu qu’une gôle de centenaire sans viagra, des aliens allergiques à la caféine, un petit hobbit qui fuit les avances d’une belle blonde nue, trois morts (un vrai massacre) et pas l’ombre d’un Danny Trejo (pourtant indispensable muse de Rodriguez), The Faculty aligne les idées les plus foireuses pour un résultat à la hauteur de ce qu’on peut en attendre de son réalisateur.

S’il pouvait s’apprécier à l’époque pour sa déférence au revival des teen movies d’horreur du moment (Scream 1 et 2, Halloween 20 ans après), il faut bien avouer que le film se revoit péniblement aujourd’hui, en raison d’une mise en scène mollassonne, de ses nombreux raccourcis et d’un gros, gros, gros… problème de rythme. Remater The Faculty en 2023, c’est un peu comme s’infliger par nostalgie le revisionnage d’un film qu’on croyait à l’époque sympa pour s’apercevoir qu’on avait parfois des goûts de merde étant jeune. Douce ironie du temps qui filote.

Sino Martine, te gusta el gran cine de cienca ficcion de Roberto Rodriguez ?

Conoces Alita ? 

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