C’était le tout début des années 2000. L’époque où la carrière de Schwarzenegger commençait sérieusement à se casser la gueule.
Désireux de renouer avec le succès, le colosse autrichien acceptait alors de cachetonner dans un film de SF, genre qui lui avait toujours réussi mais vers lequel il n’était pas revenu depuis Terminator 2 en 1991 et le court-métrage T2-3D : Battle Across Time. Le titre : The 6th day (À l’aube du sixième jour en français). Le scénario : écrit sur un rouleau de tickets de caisse par un jeune stagiaire à mi-temps de la Columbia.

Dans un futur tellement proche qu’il en est déjà dépassé, un certain Michael Drucker (Tony Goldwin), grand magnat du clonage et occasionnellement présentateur de l’émission dominicale Vivement dimanche, rêve d’un monde où les plus riches pourraient légalement se payer le luxe de s’offrir chacun leur clone pour leur garantir une certaine pérennité (concept repris plus tard dans The Island de Michael Bay). Las, la constitution américaine excluant la facilité anti-démocratique du 49.3, aucun politicien ne semble pouvoir soutenir l’ambition de ce pourtant très sympathique milliardaire qui souhaite contourner la loi pour arranger ses affaires. De son côté Adam Gibson (Schwarzy), un pilote d’hélicos touristiques hightech, découvre un soir qu’un clone l’a remplacé dans le pieu de son épouse. Au lieu de réagir normalement en essayant de châtrer l’imposteur qui couche avec sa femme, notre bien-nommé Adam cherche plutôt à s’expliquer le comment du pourquoi, relit l’intégrale de l’œuvre de Philip K. Dick pour s’y aider, et ce faisant, comprend qu’il se trouve dans un vague décalque de Total Recall. Découvrant que Michel Drucker est à la source de son regrettable quiproquo conjugal, il décide alors de s’inviter sur le plateau de Vivement dimanche pour en débattre avec lui.

Sur le papier, À l’aube du sixième jour pouvait donner l’impression de condenser agréablement des thématiques alors très à la mode (le clonage sans conscience, la figure du double comme résurgence thématique dostoïoskienne, le concept des talk-shows sur canapé…) tout en retrouvant l’esprit parano du cultissime Total Recall.
Il est d’ailleurs très probable qu’en tant que star et producteur, Schwarzy ait délibérémment orienté la direction du film de façon à ce que celui-ci reprenne pas mal des composantes qui ont participé au succès du film martien de Verhoeven (le héros dédoublé pourchassé par une meute de tueurs, le vilain milliardaire mégalo, son bras droit bas du front lancé aux trousses du héros, des hologrammes en appartement, des poupées parlantes flippantes, une esthétique futuriste plutôt kitsch…).

Sans doute, l’acteur pensait-il qu’un vague décalque de son précédent succès, décliné en version plus grand public, suffirait à lui garantir un bon film ainsi que les recettes qui devaient logiquement aller avec.
Las, le réalisateur choisi, Roger Spottiswoode, modeste faiseur tout juste sorti du succès de son nanar bondien Demain ne meurt jamais, n’avait rien d’un Paul Verhoeven.
S’il a soigneusement emballé son film pour que l’ensemble présente un minimum de gueule, le tout reste de nos jours suffisamment chiant à revoir pour qualifier poliment l’oeuvre de vieille merde.

À l’aube du sixième jour confirmait donc la dégringolade qualitative de la filmo de schwarzy depuis l’ignoble Batman and Robin en 1997, l’acteur enchainant alors le nanar millénariste End of days, ce film de clones sans éclat, la purge revancharde Dommage collateral et le remake du remake de Terminator.
La star de Conan le barbare n’en est jamais vraiment revenu et c’est d’ailleurs, contre toute attente, son principal rival, Stallone, pourtant alors enfoncé plus profondément dans la merde (ses formidables navets Get Carter et Dtox), qui le sauvera plus tard des limbes hollywoodiennes en lui proposant de partager plusieurs fois l’affiche dans ses actioners pour retraités surgonflés (The Expendables, Evasion).

Ce sixième jour-là amorçait donc beaucoup de choses dans la carrière de sa star sans pour autant recréer l’homme qui avait alors toujours sa gueule et son nom en grand sur l’affiche.

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