Tournant le dos aux franchises (Creed et The Expendables) qui l’ont vu revenir en grâce à Hollywood, Stallone entame enfin sa pré-retraite dans cette première série télé distribuée par Paramount, alors même que son plus célèbre concurrent, un certain autrichien, en fait de même dans sa propre série pour Netflix.

Créé par Taylor Sheridan, scénariste de Sicario et de Comancheria, Tulsa King a évidemment tout du show dédié à sa star. Stallone y incarne Dwight Manfredi, un mafieux de la vieille école italo-américaine, tout juste sorti d’un quart de siècle de prison. L’accueil que lui réserve sa “famille” de la pègre new-yorkaise est des plus froid. Estimé pour avoir respecté l’omerta pendant ses vingt-cinq piges de cabane, Dwight est aussi marginalisé par ses employeurs qui le récompensent par un exil à Tulsa, seconde ville de l’état rural d’Oklahoma, où il ne se passe quasiment rien. Pourtant, le vieux gangster en a encore sous le capot et a tôt fait de magouiller quelques affaires rentables dans son nouveau patelin où il s’y fait autant de nouveaux alliés que d’ennemis, dont des émules de Sons of Anarchy dirigés par un psychopathe assez influent pour se payer l’aide des ripoux du coin. Mais Dwight ne redoute rien n’y personne. Après vingt-cinq ans de bagne, il est plus que temps pour lui de vivre et de bâtir son petit empire.

Si le postulat développé par le showrunner Terence Winter (producteur et scénariste de la mythique série Les Soprano) pompe allégrement sur les stéréotypes de la fiction mafieuse, l’intérêt de Tulsa King nous est rapidement révélé à travers la mise en place de cette première saison. A la manière de Lilyhammer, mais en moins glaciale, l’idée est ici de plonger un archétype de gangster dans un environnement insolite, où le cinéma et la télévision ne lui donne en général jamais sa place. Le très beau générique de la série, à travers ses images et son thème musical, en traduit parfaitement le paradoxe : il s’agit ici de mêler la figure traditionnelle mafieuse new yorkaise, essentiellement urbaine, à l’atmosphère folklorique du Sooner State et de l’Amérique rurale, assez proche de films plus texans tels que Comancheria ou No country for old men.

L’originalité du sujet est donc toute relative et la série pourrait presque passer pour un simple véhicule éphémère à la gloire de sa star vieillissante, que l’on pourrait imaginer plus intéressée par la perspective de toucher un cachet facilement gagné que de proposer un véritable show de qualité.
Et pourtant, fort est de constater qu’on se prend rapidement d’intérêt pour ce personnage de mafieux sur le retour. Car non seulement Stallone lui donne assez d’épaisseur et de charisme pour appeler la sympathie du spectateur, mais sa “conquête” progressive de Tulsa est aussi l’occasion de lui accoler des personnages secondaires intéressants, dont on attend de voir l’évolution dans la seconde saison.

Bien sûr, l’essentiel de l’intrigue suit un parcours déjà balisé et n’offrira que peu de surprises, certains événements sont prévisibles, et Dwight Manfredi est de ces personnages trop sûr d’eux pour être réellement mis en danger au fil de l’intrigue. Plus badass que n’importe qui, Stallone n’y craint personne. Mais le soin particulier apporté à la réalisation de chaque épisode (auquel est attaché le très bon Allen Coulter), son équilibre tonal entre explosions de violence et humour salvateur, la qualité du jeu des acteurs, et le charisme de son personnage principal, finissent par emporter l’adhésion du spectateur plutôt qu’à l’ennuyer. Et cette première saison, si elle n’a pas de quoi révolutionner le grand monde de la petite lucarne, semble porter les germes d’une intrigue qu’on aura probablement plaisir à suivre.

So wait and see, gangsta cowboy.

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