John Kimble est un flic tout ce qui a de plus dur-à-cuir. La barbe hirsute, les fringues négligées, il passe son temps à terrifier les dealers et les maquereaux en sortant sa pétoire et en insistant sur l’importance de son bonus auto. C’est bien simple, à côté de lui Harry Callahan ferait figure de gardien de la paix gaillacois. A la poursuite d’un psychopathe à l’oedipe douteux, il découvre que ce dernier recherche son ex-femme qui a changé d’identité et vit dans un bled paumé de l’Oregon avec leur rejeton. Il se voit alors attribuer une équipière légèrement garçon manqué mais qui n’a rien à voir avec Anne Lewis dans Robocop. Elle est plutôt du genre à passer son temps à se faire des gueuletons à faire rougir Gargantua. Particulièrement friande de junk food, la fliquette hyperphage chope donc en toute logique une indigestion carabinée et pose un ITT de 15 jours. Ce qui fout un peu dans la merde John car c’est sa collègue qui devait se faire passer pour une institutrice et localiser la famille du psychopathe. Il n’a alors d’autre choix que de se raser de près, de s’habiller correctement et de remplacer sa collègue au pied levé pour se faire passer pour le nouvel instituteur de la classe de CE2 d’Astoria, le fameux patelin perdu de l’Oregon. Dirty Kimble découvre alors l’enfer de l’enseignement primaire, les gosses qui hurlent, qui pleurent, qui font pipi toutes les deux minutes et qui dévorent vivants leurs instits. Qui plus est, Kimble se retrouve dans le collimateur de la redoutable directrice de l’école, aussi maligne et teigneuse qu’une chtite directrice du NCIS. Après avoir traumatisé ses élèves de 8 ans en leur demandant gentiment de fermer leurs gueules, Kimble semble perdre pied et regrette alors ses rues mal famées où il pouvait casser du mac et faire peur aux dealers sans avoir à regretter de faire couler le sang et les larmes. Heureusement, il a un atout : il est le seul homme sur terre à avoir un furet comme animal de compagnie. Idéal pour que les gosses fassent de la bestiole leur mascotte et sympathisent ainsi avec leur nouvel instit.

Un an avant de retrouver son rôle de Terminator, et quelques mois après avoir sauvé la planète Mars du joug de Cohaagen, Schwarzy retrouvait Ivan Reitman, le réalisateur de son cultissime Jumeaux pour ce polar âpre et sans pitié, où le colosse autrichien semble plus en difficulté que dans Predator. Désireux de s’ouvrir à un plus large public, la star s’était mis en tête à l’époque de cachetonner dans une comédie tous les deux films afin de ne pas s’enfermer dans cette image immuable de terreur musculeuse. Une stratégie commerciale qui n’avait alors rien d’inédite puisqu’elle avait déjà été appliquée par Jean-Paul Belmondo tout au long des années 70 et 80 et que Schwarzy se borna un temps à appliquer à sa propre filmo. Un flic à la maternelle a donc tout du petit projet chapeauté pour contenter la star de Terminator et n’a bien évidemment rien d’un chef d’oeuvre de la comédie. Ce qui ne veut pas dire que le film est raté pour autant puisqu’il nous offre quelques bons moments d’humour comme ce passage qui me faisait toujours rire étant gosse où dans un travelling d’anthologie, Kimble hurle à tous ses petits élèves de fermer leur gueule. La confrontation entre le colosse autrichien et les mômes fera surtout rire le plus jeune public avec des gags jouant pleinement sur cette mise en situation improbable de la star du muscle.

Mais curieusement, Un flic à la maternelle garde un aspect hybride, hésitant toujours entre comédie et vigilante policier. La tonalité sombre du film est entretenue par les scènes où intervient Richard Tyson qui jouait ici un psychopathe particulièrement impulsif et violent. Un peu comme si, désireux de s’écarter un peu de sa filmo d’action man, Schwarzenegger ne pouvait finalement se résoudre à faire un film sans qu’il y trouve un adversaire digne d’être tué. La mécanique est quasiment la même que dans Jumeaux, du même Reitman, où le film était déjà traversé par un psychopathe joué par Marshall Bell mais légèrement moins dérangeant que celui incarné par Tyson.

En tout cas, le film fut un succès et permit à Schwarzenegger de s’imposer un peu plus dans le registre de la comédie familiale avant l’échec financier de Last Action Hero et une nouvelle tentative avec Junior (qui réunissait alors le trio Schwarzy-Reitman-De Vito). La démarche de Schwarzenegger était très bien pensée à l’époque à tel point que Stallone, son éternel concurrent, lui jalousait ses comédies. La légende raconte d’ailleurs que juste après ce film, on proposa à Schwarzenegger le script de la comédie Arrête ou ma mère va tirer. La star le trouva si nul qu’il s’arrangea par l’entremise d’un agent pour le proposer à Stallone en faisant croire à ce dernier qu’il convoitait le rôle. Désireux de coiffer son rival au poteau, Stallone aurait signé tout de suite pour jouer dans le film sans se douter que Schwarzy avait tout orchestré et s’était en fait payé sa gueule.

Stallone ne fut d’ailleurs pas le seul à vouloir adopter la démarche de Schwarzy. La comédie pour enfants permit ainsi à plusieurs grands noms du film d’action d’élargir leur public en comptant sur le fait que les enfants qui regardaient leurs comédies deviendraient les adolescents qui se régaleraient plus tard de leurs actioners dans les salles. C’est ainsi que des stars du muscle tels que Vin Diesel (Baby-Sittor), Dwayne Johnson (Fée malgré lui) et Dave Bautista (Mon espion) ont imité Schwarzy en cachetonnant au moins une fois chacun dans une comédie pour enfants. Ce qui prouve une fois encore l’influence énorme (bonne ou mauvaise, c’est selon) qu’a eu le modèle Schwarzenegger sur ses multiples clones de la production hollywoodienne actuelle.

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