Interné à l’asile d’Arkham, Bruce Wayne se croit la proie d’une conspiration ourdie par ses célèbres ennemis dont il retrouve les trognes bien connues parmi ses thérapeutes. Mais l’apparition d’un Alfred désemparé, assurant à son maître qu’il a toujours fantasmé sa croisade de justicier, ne fait que renforcer le doute dans l’esprit possiblement malade de Wayne. Il ne tarde pourtant pas à se retrouver projeté dans un monde alternatif, ou plutôt un futur post-apocalyptique, où ne reste qu’un désert peuplé de fantômes et de vestiges de l’ancien monde. Un mystérieux ennemi a abattu tous les super-héros ainsi que les super-vilains et condamné le restant de l’humanité à un régime fascisant. Sur son chemin, Batman tombe bientôt sur la tête bien vivante (et parlante) de son célèbre ennemi le Joker, vaincu par le mystérieux Omega, et emprisonné dans une lanterne. Avec son aide, Batman va partir en quête de réponses et tenter de retrouver de potentiels alliés survivants.

Une aventure atypique, s’il en est, parmi les plus récentes du Chevalier Noir, ce dernier oscillant ici entre folie et illusion, comme s’il répondait en fin de compte au Batman de la conclusion de Joker : Killer Smile, paru durant la même période. Plongé dans un futur post-apocalyptique, le justicier s’engage dans une quête rédemptrice et retrouve peu à peu sur son chemin les vestiges de ses exploits passés, les équipiers perdus, les ennemis vaincus ou disparus. Une sorte de Batman à la sauce Old Man Logan en somme, en plus foutraque et moins bien construit. Les illustrations de Greg Capullo sont, comme d’habitude, impressionnantes et jouent moins sur les tonalités sombres (à l’inverse de l’arc Endgame) que sur les pleines couleurs, illustrant ainsi un futur dystopique mais principalement diurne et peuplé de personnages bien évidemment tous issus de la mythologie DC (et pas seulement du Batverse).

Mais Capullo a beau rester un des meilleurs illustrateurs modernes (qui pourrait oublier ses formidables illustrations pour Les Chroniques de Spawn ?), toute la démonstration de son talent ne suffit hélas pas à gommer les lacunes de scénariste de Snyder qui, lui, reste doué pour trouver des postulats intéressants (La Cour des hiboux, la légende de l’homme pâle) mais ne réussi jamais à en tirer le plein potentiel (voir ses arcs La Nuit des hiboux et L’An zéro). L’idée de coller le Joker comme principal sidekick du justicier est plutôt bien trouvée et donne lieu à quelques dialogues intéressants, faisant souvent référence à leurs affrontements passés. Idem pour avoir fait de Lex Luthor un ermite devenu fou, regrettant le souvenir de son adversaire kryptonien vaincu. Mais malgré ces quelques bonnes idées, Snyder garde cette fâcheuse tendance à ne plus savoir que faire de ses intrigues passé un certain point et à les bâcler dans leur dernier acte. De plus, il ne rechigne jamais à gaver ses scénarios de digressions, de références indigestes et d’idées saugrenues (le Joker en armure comme nouveau Robin de Batman, vraiment ?) pour mieux se démarquer de ses prédécesseurs. Ce qui fait qu’on pourra tout autant adhérer à l’oeuvre que la détester.

L’exercice de ce Last Knight on Earth n’est que partiellement réussi en tout cas, ce qui est vraiment dommage au vu de la promesse d’une excellente idée de départ. Un postulat riche en possibilités et qui aurait pu donner quelque-chose de bien plus mémorable.

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