A Cincinatti, une banque du groupe Hubert est braqué par un commando usant de moyens techniques exceptionnels. Alors que le casse se déroule sans encombres et que les braqueurs désertent les lieux, l’un d’entre eux abat froidement le directeur de l’établissement. L’agent spécial du FBI Jonathan Montgomery est aussitôt chargé de l’enquête mais se voit coiffé au poteau par le détective véreux Mims de la police de Cincinatti qui garde pour lui les seules empreintes trouvées sur les lieux. Après une confrontation avec Mims, Montgomery découvre que les empreintes sont celles du ranger T.J. Jackson, déclaré mort cinq ans plus tôt à la suite de son implication dans l’enlèvement et le meurtre du jeune frère de Jeffrey Hubert, grand patron du groupe bancaire Hubert. Bientôt une autre banque du groupe est braquée par le même commando criminel. Alors que, contre toute attente, un des braqueurs sauve un agent de sécurité blessé par balles, un autre braqueur exécute en pleine rue un homme lié au passé de Jeffrey Hubert. L’agent Montgomery découvre que la victime faisait autrefois partie de l’opération commando ayant couté la vie au ranger Jackson.

Ce polar urbain au casting de grande classe commence particulièrement bien avec une scène de braquage de banque qui figure probablement parmi les meilleures que le cinéma nous ait offert avec celles de Heat, The Dark Knight, Inside Man et Trainé sur le bitume. Les braqueurs nous sont ici montrés comme des professionnels particulièrement organisés et ingénieux, ne parlant jamais et utilisant un pré-enregistrement vocal pour donner leurs instructions. La fin du braquage, quant à elle, intrigue le spectateur quand un des braqueurs, après la réussite du casse, décide contre toute attente (et visiblement sans raison) d’exécuter le directeur de banques devant les caméras de sécurité. C’est bien ce meurtre gratuit qui propulse toute l’intrigue et entretient le mystère quant aux véritables motivations des criminels.

Toute la première partie de Marauders tient en haleine, notamment grâce à une galerie de personnages tous aussi ambivalents les uns que les autres et une intrigue riche en zones d’ombre. Ayant déjà collaboré avec le réalisateur dans Extraction, Bruce Willis trouve ici un rôle à contre-emploi de PDG véreux et apparait finalement peu, mais il nous offre un beau monologue en début de métrage (la fameuse métaphore de l’araignée qui grimpe un building) et se montre plus impliqué que dans ses prestations sur Death Wish et Fire by fire où il semblait jouer sous lexomil. Christopher Meloni est ici une nouvelle fois irréprochable dans un rôle de chef du FBI particulièrement vindicatif et Dave Bautista est convaincant en agent vieillissant et désabusé même si son personnage, totalement secondaire, n’a que peu d’impact sur l’intrigue. Mention spéciale pour le méconnu Johnathon Schaech (En quarantaine, Takers) qui compose ici un personnage de flic brisé par la maladie de sa femme. Le jeune Adrian Grenier (Entourage, Arsenal), lui, reste un habitué des rôles de jeune premier et trouve ici le ton juste pour incarner son personnage d’agent trop bien pour être honnête.

Avec un tel casting et un si bon démarrage, Marauders avait donc de quoi se hisser parmi les très bonnes surprises du genre. Hélas, la qualité du film décline à mi-métrage, notamment à cause d’un scénario devenant beaucoup trop confus à force de perdre son spectateur entre ses personnages et ses enjeux. Le final du film en particulier, s’avère terriblement bazardé et décevant, trahissant ainsi un problème de post-production (ça sent la coupe au montage) et il n’y a pas vraiment de surprise quant à l’identité du chef des braqueurs. Dommage, car Steven Miller démontre ici de véritables qualités de mise en scène, le jeu de ses comédiens est irréprochable et la BO, composée par Ryan Dodson, s’avère particulièrement efficace et même magnifique par moments tant elle évoque la beauté crépusculaire des scores de Mark Streitenfeld pour The Grey et d’Elliot Goldenthal pour Heat. Une impression tenace de gâchis perdure un peu après le visionnage et ce même si le film reste qualitativement bien plus réussi que la plupart des polars actuels.

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