La fosse des Mariannes, à 10 000 mètres de profondeur… Un vaste réseau de stations de forage sous-marin… Un séisme de grande amplitude qui provoque la destruction et l’engloutissement de plusieurs des complexes… Six rescapés qui essaient tant bien que mal de trouver un moyen pour regagner la surface… Et la présence de créatures terrifiantes surgies des fonds marins…

Troisième long-métrage réalisé par William Eubank (Space Time : l’ultime odysséeThe Signal), Underwater réunit tous les éléments du survival horrifico-SF à ceci près que le contexte est donc cette fois sous-marin. Le film évoque ainsi Abyss pour son environnement et la menace de la décompression qui pèse sur les protagonistes, et emprunte aussi immanquablement à la franchise Alien et à ses fameuses séquences de couloir. Ignorant la construction typique en trois actes, Eubank opte ici pour une intrigue débutant in media res, propulsant la course des personnages dans un dédale de corridors et de salles inondées. Un parti-pris à double tranchant, probablement imposé par une coupe sévère de la production (la Fox venait d’être rachetée par Disney) en salle de montage. Cette construction narrative a le mérite de nous éviter la sempiternelle exposition lénifiante mais peine ensuite à donner assez de profondeur à ses personnages pour qu’on s’y attache. Relookée à la garçonne pour l’occasion, Kristen Stewart incarne l’héroïne pugnace typique de ce genre de monster movie, et Vincent Cassel hérite d’un rôle de supérieur au comportement paternaliste, à l’image du personnage joué par Tom Skerrit dans Alien. Le passif des personnages est à peine esquissé et on peine à comprendre quelles étaient leurs relations avant les événements du film.

Le principal problème d’Underwater réside dans la tension constante que le film fait subir à ses personnages tout comme aux spectateurs. Ce qui aurait pu être une qualité si elle avait été bien gérée. L’urgence de l’intrigue, initiée dès les premières secondes du métrage, participe à nous plonger très vite dans l’ambiance. Mais cette dynamique finit aussi très vite par lasser tant les séquences oppressantes s’enchaînent sans discontinuer et l’action en devient très vite difficile à suivre. Ce qui porte préjudice à l’ensemble du film : il est ainsi difficile d’apprécier une séquence en particulier tant le rythme imposé par cette course à la survie ne faiblit jamais du début à la fin. A l’image des personnages qui semblent étouffer dans leur scaphandre, le spectateur lui, peine clairement à reprendre son souffle et à comprendre tous les enjeux de l’histoire. D’autant plus que le montage précipité semble parfois témoigner d’un sévère travail de sape lors de la post-production du film. Qui plus est, l’intrigue n’évite pas les incohérences, plus ou moins frappantes (les casques de scaphandre rapidement placés, les vitres fendues qui auraient dû exploser depuis longtemps…).

Heureusement la réalisation d’Eubank rattrape un peu les pots cassés et réussit à restituer cette angoisse propre à l’obscurité insondable des profondeurs.

Les multiples excursions des personnages sont ainsi le prétexte à quelques visions cauchemardesques, jouant adroitement des ténèbres abyssales et renouant parfaitement avec la notion d’indicible horreur lovecraftienne. L’influence du Maître de Providence reste prégnante jusqu’à l’apparition finale d’un monstre titanesque qui évoque, par son gigantisme et son apparence tentaculaire, le plus célèbre des grands anciens (le réalisateur confirmera après la sortie du film qu’il s’agit bien de Cthulhu). Une référence par trop évidente, et dont la présence réjouissante ouvre sur la perspective d’une suite qui ne verra probablement jamais le jour.

On appréciera alors le sous-texte du film (vaguement explicité par un personnage) et l’ironie d’une conclusion évoquant toute la bêtise humaine lorsqu’elle met à l’index les dommages environnementaux infligés par les grandes compagnies de recherche et questionne la présence humaine dans des endroits du globe où elle n’aura jamais sa place.

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