En 1999, la destruction de la couche d’ozone menace l’équilibre de la planète et entraîne des millions de morts. Une équipe de scientifiques élabore alors la construction d’un bouclier atmosphérique censé protéger l’humanité des rayons du soleil. Vingt ans plus tard, la Terre est plongée dans une nuit éternelle due à la polarisation du bouclier. Celui-ci est devenu la propriété d’une puissante corporation qui oblige le peuple à payer un impôt abusif pour sa maintenance. Connor McLeod, ancien guerrier immortel et concepteur du bouclier, n’est plus qu’un vieillard épuisé, attendant la mort dans un monde dépeuplé. Les souvenirs de son passé sur la planète Zeist ne cessent d’affluer à sa mémoire alors qu’il livrait bataille aux côtés de Ramirez face aux armées du général Katana. Craignant la menace du retour de McLeod sur Zeist, Katana décide d’envoyer deux de ses guerriers l’éliminer. Mais sortant glorieux de son combat contre ces assassins, McLeod recouvre subitement la jeunesse, retrouve son mentor fraîchement ressuscité et s’allie à une jeune activiste qui tombe aussitôt amoureuse de lui. Tandis que Katana débarque sur Terre pour traquer son ennemi, McLeod découvre que la couche d’ozone s’est reconstituée et que la Shield Corporation maintient le peuple dans l’ignorance.

Sorti en 1986, Highlander récolta un certain succès lors de son exploitation vidéo, propulsant la carrière de ses réalisateurs Russell Mulcahy et Stephen Hopkins et consacrant son acteur vedette, le français Christophe Lambert, comme star internationale. Cette co-production anglo-américaine se basait sur l’originalité d’un script signé Gregory Widen qui, s’inspirant du propos du film Les Duellistes de Ridley Scott (qui traitait d’un duel de protagonistes, étendu sur plusieurs dizaines d’années), imaginait une intrigue qui mélangeait avec bonheur les genres du fantastique, de la fantasy historique et du thriller urbain. Ses protagonistes y étaient des immortels, disséminés sur terre à travers les époques, et contraints de s’affronter les uns les autres dans des combats à l’épée qui se concluaient toujours par la décapitation de l’un d’eux, seule façon pour un immortel de mourir. Connor MacLeod (Christophe Lambert) était un d’entre eux. Installé à New York durant les années 80, cet authentique guerrier des Highlands âgé de 400 ans, se remémorait sa longue existence d’immortel en attendant son affrontement avec le Kurgan (Clancy Brown), les deux hommes étant alors les derniers représentants de leur espèce. Selon la légende, le dernier immortel restant se verrait remporter le prix : recouvrer la mortalité et bénéficier du savoir et de la force de tous ses adversaires vaincus. La mise en scène ultra-clippée du duo Mulcahy/Hopkins (aujourd’hui un rien surannée), son casting remarquable, la qualité de sa photographie et de son travail sur les couleurs, sa B.O. légendaire signée Queen, tout concourrait à faire de Highlander une réussite, très vite rangée parmi les films les plus représentatifs des 80’s.

A l’aune de ce succès, et malgré une conclusion qui n’appelait logiquement aucune continuité, il devint évident pour les financiers qu’une suite leur permettrait de tirer pleinement parti de l’engouement du public. Russell Mulcahy hérita logiquement de la réalisation de cette séquelle, dont le scénario fut confié à Peter Bellwood sur une idée de Brian Clemens et William N. Panzer. Le créateur et scénariste du premier film, Gregory Widen, n’aura quant à lui jamais été consulté pour le développement de cette suite et préféra se consacrer à l’adaptation d’un autre de ses scénarios, Backdraft. Influencés par la mode émergente des films de dark SF et contraints de trouver un prétexte au retour d’un McLeod (censé être libéré de sa condition d’immortel au terme du premier opus et n’avoir donc plus aucun ennemi à affronter), les scénaristes optèrent ainsi pour l’idée d’une intrigue futuriste, pompant allègrement son postulat sur celui de Total Recall (dont le film reprend l’acteur Michael Ironside) et se situant dans un univers dystopique où Mc Leod occuperait une place centrale. Highlander 2 fait ainsi suite aux événements du premier film tout en n’en respectant pas la mythologie, plusieurs de ces éléments allant à l’encontre de l’histoire imaginé par Widen, dont la présence de nouveaux immortels, censés succéder au terrible Kurgan, alors que McLeod lui, est transformé en vieux scientifique, rajeunissant opportunément au terme d’un quickening bienheureux. Le scénario déplaît fortement à sa star Christophe Lambert qui, encore loin du versant nanardesque de sa carrière, désapprouve la mise en chantier du film. Las, l’acteur se retrouve néanmoins contraint d’y participer suite au contrat qu’il a signé pour le premier opus (incluant sa participation à une potentielle séquelle). Lambert suggère alors l’idée d’intégrer le personnage de Ramirez à l’intrigue et d’engager Sean Connery, en pleine phase ré-ascendante de sa carrière (Les IncorruptiblesA la poursuite d’Octobre RougeIndiana Jones et la dernière croisade) lequel ré-empilera sans conviction, un chèque substantiel à l’appui. Prisonnière d’un tournage infernal en Argentine, pays alors en pleine crise financière, la production voit très vite son budget dépasser les premières prévisions, notamment à la suite d’un retard de tournage, dû à la chute de Lambert et Ironside lors d’une cascade (scène coupée de la voiture, présente dans la version Renegade). S’ensuit alors un cas sans précédent dans l’histoire du cinéma : les principaux producteurs désertent le projet du jour au lendemain, abandonnant de la sorte le contrôle créatif du film à sa principale compagnie d’assurances. Peu enclin à sauver les apparences, celle-ci vise alors à accélérer la production tout en en amortissant le coût. Mulcahy voit son film lui échapper complètement tandis que les scénaristes sont obligés de ré-écrire un scénario déjà bancal en y intégrant l’idée géniale (suggérée par les assureurs) que les immortels sont en fait originaires d’une lointaine planète, Zeist. Cela leur permet non seulement de surfer sur la mode de la SF spatiale (DuneTotal Recall), particulièrement lucrative à l’époque, mais aussi de simplifier le postulat de l’intrigue en y intégrant un long flash-back sur une planète dont on ne voit finalement presque rien. Sans surprise, le film sort sur les écrans et récolte une flopée de mauvaises critiques, tuant du même coup la crédibilité de son réalisateur et celle de sa star principale.

Ceux qui ont aimé le premier film savent que ce qui en faisait la force était ce long aller-retour temporel revisitant certains événements historiques via le regard de son protagoniste, ainsi que cette aura légendaire qui se dégageait de l’affrontement de guerriers immortels évoluant encore de nos jours. Le mythe du vampire n’était jamais très loin et se voyait opportunément mêlé aux origines séculaires de plusieurs protagonistes. De ce fait, si McLeod et le Kurgan n’avaient pas été désignés comme étant les derniers de leur espèce, Highlander aurait pu offrir une mythologie fascinante et riche en personnages et en flash-backs intéressants sur la grande Histoire. Cette idée sera d’ailleurs reprise à moindre coût par Gregory Widen pour sa série-reboot franco-canadienne Highlander des années 90, inégale et sans grande ambition, mais dont la création répondait finalement à l’échec critique et financier du second opus de Mulcahy.

Du début à la fin, Highlander Le Retour traduit à l’image l’énorme déconfiture de la production du film et la bêtise d’un script rédigé sans le moindre souci de cohérence. On a d’ailleurs du mal à croire que le scénario ait été écrit par Peter Bellwood, un anthropologue et historien de formation, déjà consultant sur le premier film, et plus enclin à respecter les faits historiques qu’à se lancer dans l’écriture d’un film de science-fiction. L’exposition du film donne à elle-seule le ton et sonne comme une énorme trahison au concept original. On y voit le vieux McLeod, prostré dans la loge d’un opéra sinistre, se remémorer son passé sur la planète Zeist et expliquer du même coup les origines de son exil sur Terre. Il n’est plus question ici de son passé de Highlander, pas même des événements décrits dans le premier film, Highlander 2 coupe bêtement les ponts avec la mythologie établie précédemment, en essayant d’expliquer par un vague postulat SF la présence des immortels sur Terre. Le souci est que le procédé d’écriture ignore toute continuité logique et que le film ne cesse ensuite d’aligner les éléments les plus incohérents, à la source de sa réputation nanardesque. Dans cette suite, les extra-terrestres de Zeist portent des noms écossais (McLeod), espagnols (Ramirez) et japonais (Katana) sans le moindre souci de logique; Ramirez ressuscite par magie et voit chacune de ses apparitions accompagnées d’une musique de cornemuse soulignant les origines de l’acteur écossais Sean Connery alors que son personnage est censé être hispano-égyptien; le passé de McLeod dans les Highlands n’est plus jamais évoqué; le flash-back sur Zeist nous montre Connor et Ramirez tout sourire, plaisanter à leur procès alors que des centaines de leurs hommes viennent de se faire massacrer sur le champ de bataille; Ramirez et McLeod semblent avoir été exilés sur Terre en même temps alors que le premier film nous expliquait que Ramirez avait au moins deux mille ans de plus que McLeod; les exilés de Zeist sont censés être les seuls condamnés à l’immortalité sur Terre mais il ne nous est jamais expliqué pourquoi Katana, pourtant resté sur Zeist, n’a lui aussi pas vieilli; il ne nous est d’ailleurs pas expliqué non plus pourquoi ce dernier met près de 500 ans à se décider à traquer McLeod sur Terre; ni même à quoi sert Ramirez dans l’intrigue si ce n’est à se sacrifier élégamment au détour d’une scène “magique”. D’autres raccourcis viennent alourdir un tableau déjà bien chargé en idées foireuses : le métro qui atteint les 500 à l’heure; la débilité évidente des deux tueurs argentés envoyés aux trousses de McLeod; la jeune activiste Louise Marcus qui tombe immédiatement amoureuse du héros lorsque ce dernier recouvre sa jeunesse; la survie miraculeuse de la jeune femme dans le coffre de la voiture, alors qu’un instant plus tôt, McLeod et Ramirez se faisaient criblés de balles dans l’habitacle du véhicule; le changement d’épée de McLeod dans le duel final, celui-ci troquant hors-plan sa Claymore pour le sabre de Ramirez. Le clou du spectacle reste cette scène hallucinante qui devait à l’origine conclure le film et qui heureusement a disparu du montage final. Cette séquence, aussi connue sous le nom de “fairy tale ending“, voyait McLeod léviter bêtement dans le ciel nocturne et inviter Louise à le suivre pour regagner sa planète natale par les airs et le seul pouvoir de la magie (???). Cet alignement d’idées, toutes aussi stupides les unes que les autres, suffirent à conférer à Highlander 2 une aura d’authentique nanar, et le titre férocement disputé de plus mauvaise suite de l’histoire.

Et pourtant tout n’est pas à jeter dans le film de Mulcahy. Sa réalisation par exemple, si elle trahit une mauvaise gestion de quelques scènes d’action (la bataille sur Zeist, cadrée et montée n’importe comment), révèle aussi la réussite de quelques rares séquences. S’appuyant sur une direction artistique de qualité (les somptueux décors baroques conçus par Roger Hall) qui restitue à l’image la vision d’un avenir sordide, Mulcahy réussit à nous laisser entrevoir le potentiel d’un film qui aurait pu être nettement plus intelligent et ambitieux s’il n’avait pas été plombé par cette succession d’événements et de choix malencontreux. Si l’on excepte toutes les incohérences du script et des combats à la chorégraphie lourde et mollassonne (voir le combat sur le train ou l’affrontement final), Highlander 2 gagne beaucoup à laisser éclater à l’image une esthétique gothique et délicieusement dark-retro, d’autant plus remarquable qu’elle se juxtapose à un univers dystopique et désespéré où l’humanité semble survivre au bord du gouffre. Le score opératique de Stewart Copeland, ancien batteur et fondateur du groupe The Police, couplée à la B.O. de Queen, apporte pour beaucoup à la réussite de certaines séquences et parvient même, à de rares moments, à les magnifier (la poursuite en hoverboard et le morceau Bird Flight). La direction d’acteurs, elle, est à la rue : Lambert y fait du Lambert, Madsen y joue le cliché de la fausse femme forte tombant dans les bras du héros, Ironside cabotine à loisir et profite de sa ressemblance avec Nicholson pour insuffler un côté rigolard à son méchant finalement calqué sur le Kurgan du premier film, McGinley y cachetonne dans l’habituel rôle d’ignoble dirigeant à la formidable voix de castra et Sean Connery lui, semble s’amuser de ce gros bordel, comptant presque ses billets devant l’objectif, et apportant une certaine dérision à son personnage.

Frustré de n’avoir jamais pu faire le film qu’il souhaitait, Mulcahy revint finalement dessus quelques années après sa sortie et réussit à convaincre certains acteurs de la distribution (dont Lambert et ironside) de se prêter au jeu du reshoot pour tourner quelques séquences supplémentaires. Baptisé Highlander 2 The Renegade Version, ce director’s cut plus long de quelques minutes, modifia quelques éléments du script initial en ignorant par exemple les origines extra-terrestres des Immortels pour en faire les derniers représentants d’une civilisation ancienne et oubliée. Malgré ces quelques modifications et le rallongement de quelques scènes (celle de l’avion par exemple), la version de Mulcahy ne parvint bien évidemment pas à corriger les terribles lacunes du montage cinéma d’origine et réussit même à en rajouter. Highlander 2 The Quickening reste aujourd’hui de ces films dont on parle avec mépris et un certain plaisir coupable, sans jamais considérer ce qu’il aurait pu (et aurait dû) être. Enfant, je mettais de côté tous ses défauts pour choisir d’y voir un bon film de dark SF, sombre, cruel et violent. Je le rangeais même à l’époque parmi mes vieilles VHS, sur la même étagère que Total RecallBlade Runner, les diptyques Terminator et Robocop (comment ça Robocop 3 ?). Il va de soit que le temps passant ne m’a pas aidé à fermer les yeux sur les trop nombreux défauts du film et que j’ai aujourd’hui plutôt tendance à ranger son dvd trois rangées au fond de l’étagère, bien planqué entre deux navets d’Emmerich et de Paul W.S.Anderson. Pourtant, je mentirai si je disais que je n’aime pas m’y replonger de temps en temps, ne serait-ce que pour essayer d’y voir le bon film de SF qu’il ne sera jamais.

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