Nouvellement employé comme groom au sein d’un hôtel hollywoodien en décrépitude, Ted va se confronter dès sa première soirée, la veille du nouvel an, à toute la clientèle douteuse peuplant l’endroit. D’une convention de sorcières nymphomanes au délire festif d’une bande de producteurs éméchés, en passant par le jeu pervers d’un couple étrange et la surveillance de deux gamins déterminés à élucider le mystère de la puanteur de leur chambre, tous en feront baver suffisamment au petit groom pour le pousser à la crise de nerfs. Mais le larbin a beau se laisser malmener par son affreuse clientèle, il est assez malin pour leur arracher de généreux pourboires.

Depuis longtemps tombé aux oubliettes, ce petit film à sketchs est à conseiller avec des pincettes au vu de la qualité inégale de chacun de ses segments. Il n’en mérite pas moins le coup d’oeil, ne serait-ce que pour le cabotinage de son casting VIP (Madonna, Valeria Golino, Jennifer Beals, Antonio Banderas, Marisa Toméi, B… W… et même un caméo de Salma Hayek) et le jeu excessif de Tim Roth, parfait en petit enfoiré cupide et maniéré. Partant dans tous les sens au gré d’un humour pas toujours très subtil, Four Rooms vaut surtout pour la qualité de son quatrième et dernier sketch, signé Tarantino, dans lequel ce dernier se met d’ailleurs savoureusement en scène en manipulant les biftons comme personne. Entouré d’un quatuor de comédiens (dont une star surprise non créditée au générique), QT cabotine à l’excès dans le rôle de ce cinéaste prétentieux et volubile, inspiré de la bêtise de son propre producteur (Mr Pig Wenstein), et déterminé à commettre une énorme connerie pour fêter la nouvelle année. Tout le sketch fonctionne ainsi comme une lente montée en puissance vers l’absurde, relevée par la verve jubilatoire de son auteur et le jeu cabotin de ses comédiens. La chute de l’histoire, abrupte et hilarante, comme celle d’une bonne blague longuement racontée, demeure de loin le meilleur moment de cette petite anthologie trashicomique aux personnages tous salement azimutés.
Si le troisième segment, confié à Roberto Rodriguez (alors nouvellement pote de Tarantino), mérite lui aussi le coup d’oeil pour son politiquement incorrect et l’accumulation frénétique de ses éléments humoristiques, les deux premiers sketchs eux, ne valent clairement pas qu’on s’y attarde. En fait, le film ne vaudrait presque rien sans la participation de Tarantino et je vous avoue préférer passer directement à son sketch (voir tolérer celui de Rodriguez) que de m’imposer à nouveau l’indigence des deux premiers segments. Dommage, il y avait dans le postulat du film assez de potentiel pour raconter deux bonnes blagues de plus.

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