De Jason Bourne à l’incontournable Bond, en passant par Ethan Hunt, Jack Reacher, Max et Furiosa, l’agent Salt, Dominic Torreto et sa bande, le défunt John McClane, l’increvable Wade Wilson et l’implacable Frank Castle, le paysage cinématographique et télévisuel moderne ne manque décidément pas de représentants se ressemblant tous plus ou moins dans leurs faits d’armes et leurs remarquables capacités à casser du porte-flingue. A l’heure où les écrans débordent de ces archétypes virils et néo-féministes hérités des plus illustres action men des 80’s-90’s (CobraCommandoThe Road WarriorThe Last BoyscoutNicoDesperadoDie Hard and co…) et des anti-héros du cinéma HK (The KillerHard BoiledThe MissionFulltime Killer), John Wick fait quelque peu figure d’outsider. A priori tout droit sorti de l’imagination stérile d’une prod Besson, le tueur au costard n’en finit plus de se démarquer de la concurrence, tant par son aura increvable et sa vindicte revancharde que par la classieuse mythologie dont il se fait le porte-étendard. Ajoutez à ça des séquences d’action aussi jubilatoires que bien menées et vous aurez là, en partie, une vague explication au succès ascendant de cette franchise en plein essor.

Après deux opus assez décomplexés, l’assassin endeuillé revient donc comme attendu dans un troisième volet faisant directement suite à la conclusion en fin ouverte du second film.
Wick est dans la merde. Après avoir exécuté de sang-froid Santino D’Antonio au sein de l’hôtel Continental, le voilà excommunié et sa tête mise à prix de 7 millions de dollars. Ce qui bien sûr ne manque pas d’attirer l’attention de toute une flopée d’assassins déterminés à rafler la prime. Qui plus est, Wick ne peut plus compter sur ses principaux appuis et se retrouve seul avec son chien à errer dans les rues pluvieuses d’une Grosse Pomme aux allures de labyrinthe sordide. Traqué et abandonné de tous, le tueur a pourtant plus d’un tour dans son sac et semble bien déterminé à trouver du secours auprès de ceux qui lui doivent un retour d’ascenseur. L’occasion pour le spectateur de découvrir de tous nouveaux personnages s’ajoutant à la mythologie déjà bien nourrie de l’implacable tueur.

Evidemment la recette ne change pas et creuse à peine un peu plus l’univers de son anti-héros. L’intrigue menée à 100 à l’heure est bien sûre prétexte à une succession de séquence d’action toutes plus meurtrières les unes que les autres, où l’on croisera bon nombre de vedettes oubliées (Berry, Flynn, Tagmaoui et Dacascos) et de clins d’oeil wachowskiens (Morpheus et le Maître des clés). Chorégraphiés avec un soin remarquable et sublimés par une photo somptueuse, les fusillades et autres pugilats à couteaux tirés réjouissent l’oeil par leur cruauté décomplexée et un alignement de mises à mort inventives (bonne idée l’usage des toutous). On se surprend d’ailleurs a penser qu’on n’a jamais vu tel massacre à l’écran : John Wick n’en finit plus d’aligner les victimes et son bodycount historique dépasse désormais de loin ceux de ses concurrents.

Bien sûr il pourrait y avoir de quoi se lasser devant tel spectacle mais le charisme de Keanu, la relative inventivité de la mise en scène et les nombreuses idées du scénario emportent toujours autant l’adhésion. Tout comme l’opus précédent, Parabellum est un spectacle aussi réjouissant que régressif qui flirte parfois bon avec le nanar de génie. C’est une sorte de comic cinématographique à l’univers aussi violent que fascinant, bourré d’archétypes menaçants et de situations improbables. Ici les tueurs se font des politesses, les fans essaient de tuer leur idole, les cuistots asiatiques enseignent l’art ancestral de la guerre et les morts, eux, ne le restent pas toujours. Au milieu de ce foutoir, le tueur au costard lui, s’accroche plus que tout à sa survie. Dépossédé de tout ce qui lui restait de sa femme (chien, voiture et maison), il ne garde plus que le souvenir de l’être aimé, pour lui, la meilleure raison de se battre. Et le meilleur prétexte pour nous, méchants spectateurs, d’apprécier le spectacle.

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