Steven Knight c’est le gars derrière la série Peaky Blinders et le film Locke. Le genre de réal à avoir réussi l’exploit de filmer un gars seul au volant de sa caisse pendant plus d’une heure, en captivant le spectateur par une simple conversation téléphonique. Alors quand Netflix propose le dernier film de Knight, autant dire qu’on est en droit de s’attendre à quelque-chose d’étonnant.

Pourtant le synopsis reste on ne peut plus banal : un pêcheur alcoolique vivant sur une île tropicale est contacté par son ex-épouse qui lui demande de tuer son mari violent à l’occasion d’une excursion en mer. Rien de bien folichon sous le ciel bleu : Matthew McConaughey tête la bibine et roule des yeux comme un fou dès les premières minutes du film, Anne Hathaway joue une fausse vamp horriblement pleurnicharde, Diane Lane elle fait de la figuration comme à son habitude, Djimoun Housoun se coltine un rôle de faire-valoir et Jason Clarke offre au public une nouvelle occasion de le haïr (jamais vu John Connor moins crédible…). Bref tout ce joli monde cachetonne à coeur joie et semble nous rejouer un mauvais épisode des Contes de la crypte, façon “tel est pris qui croyait prendre”. Sauf qu’il y a cet homme en costard, sorte de G-Man en mode mollusque (pour la référence voir le jeu Half-life) qui arrive systématiquement à la bourre pour confronter l’ivrogne et lui révéler que…

Bien sûr on subodore rapidement le twist d’envergure et celui-ci arrive à mi-intrigue, aussi délirant que mal amené. Serenity devient alors un film concept what the fuck qui glisse sans grande imagination d’un genre à l’autre. A trop vouloir se montrer original et plus malin que son public, Steven Knight parvient ensuite à se perdre dans les méandres d’un film cousu de fil blanc, plombé par des parti-pris stylistiques plus maladroits les uns que les autres (les petits plongeons à poil figurant la renaissance du héros, les plans types cinématiques de jeux). Quelques sursauts de poésie ridicule viennent alourdir le bousin, sans que jamais la moindre émotion ne se dégage de l’ensemble. Le petit côté méta n’arrange rien à l’affaire tant le cinéaste ne s’en sert que pour excuser la nébulosité de son script et essayer de nous faire avaler la pilule. Dans le genre, je préfère de loin me replonger 10 fois d’affilée dans le génial L’Antre de la folie, que de me coltiner une fois encore ce navet prétentieux où Matthew McConaughey se litre à lui seul plus de whisky qu’on en trouve en Ecosse.

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