Couronné d’un joli succès à sa sortie en salles, Les Gardiens de la galaxie premier volume s’est très vite imposé comme un des meilleurs films du MCU. Transfuge de l’écurie Troma dont il garda longtemps les réminiscences trash et horrifiques (L’Armée des mortsSlither, le vigilante Super), James Gunn avait su s’approprier un matériau pour le moins méconnu (le comics restait jusque-là surtout connu des aficionados) et populariser une nouvelle équipe de super-héros à coups de mise en scène fun, d’humour décomplexé et de vieux standards des 80’s. Logiquement, Disney Marvel ne tarda pas à mettre sur les rails le projet d’une suite censée tomber pile poil en pleine phase 3 du MCU, à la veille d’une Infinity War tapageuse. C’est à nouveau Gunn qui hérita du projet alors même que les frictions entre le cinéaste et le grand studio se faisaient à peine écho autour du projet. Et tout le cast original de revenir à l’écran avec en prime la participation des illustres Tango et Cash, l’un dans un rôle déterminant, l’autre faisant un caméo plus anecdotique.

Et c’est un plaisir de retrouver cette sympathique bande de héros des étoiles, que Gunn a tôt fait de mettre aux prises avec un gigantesque alien tentaculaire, dès le générique d’ouverture. Non dépourvu d’idées, le réalisateur prend déjà un malin plaisir à berner les attentes en se désintéressant des exploits de l’équipe pour leur préférer le sympathique pas de danse de Bébé Groot. Réjouissant quand il est employé avec dérision, le procédé de confinement de l’action principale au second plan (qui avait déjà été utilisé plusieurs fois par Barry Sonnenfeld dans ses Men in Black) servira surtout ici à mettre en valeur la véritable mascotte du film, histoire de vendre un peu plus de peluches et de figurines à l’effigie de l’arbuste (c’est bel et bien Disney qui produit).

Le scénario ne tardera pas ensuite à croiser les trajectoires de Starlord et de son père, le dénommé Ego (Kurt Russell, toujours impeccable), lequel a tôt fait d’inviter son fils et ses amis à séjourner sur son astre privé. A partir de là, l’essentiel de l’intrigue se déroulera sur cette seule planète et les rares excursions du script se concentreront sur les motivations vengeresses de Nebula et sur les déboires du schtroumpf Yondu (génial Michael Rooker, acteur fétiche de Gunn depuis Slither) et du trio improbable qu’il formera avec Rocket et Groot. C’est bien là le seul reproche qu’on pourra faire à cette suite, son manque d’ampleur narrative et ses quelques unités de lieux cloisonnées, enfermant les personnages dans une intrigue pépère. Conscient de la critique qu’on pourra faire à son script, Gunn rivalise alors d’ingéniosité pour faire passer la pilule, notamment par une mise en scène inspirée et un humour ravageur qui joue amplement sur l’opposition des caractères (voir les mots d’amour que s’échangent régulièrement Yondu et Rocket ou les vannes balourdes de Drax à l’adresse de Mantis) et sur des running gags efficaces (Taserface).

Loin d’être fidèle à la mythologie Marvel (Ego n’a jamais été le père de Starlord dans les comics), l’intrigue confrontera finalement nos héros à l’ambition égocentrique d’un dieu-planète souffrant du complexe de l’agent Smith (moi, moi et moi…) et largement annoncé par les Souverains, peuplade alien hautaine et prétentieuse. L’occasion pour Gunn d’opposer aux yeux de Starlord les deux figures paternelles que sont Ego et Yondu et de faire de ce dernier, au détour d’un final apocalyptique, son seul et véritable daron.

Sympathique space op funky à la gloire des Gardiens, ce second opus de la franchise se révèle au final d’aussi bonne qualité que le premier film et enfonce dès lors le clou quant au savoir faire de Gunn dans l’art du cinéma-spectacle. Le réalisateur laisse ainsi derrière lui toute une époque de ciné bien trash et signe une suite dont l’un des nombreux mérites est de répondre à bon nombre de questions laissées en suspens au terme du premier film. Reste cette dernière question, tenace et dont la réponse restera longtemps un mystère : sachant qu’il se contente de répéter la même phrase une vingtaine de fois dans le film, à combien de zéros estimez-vous le cachet de Vin Diesel pour son rôle de Baby Groot ?

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