Un peu refroidi par le semi-échec des Chroniques de Riddick, la Universal aura mis près de dix ans à permettre à David Twohy de poursuivre à l’écran les aventures de son increvable Furyen. Dernier opus de ce qui reste encore aujourd’hui une saga inachevée, Riddick commence peu de temps après la conclusion en fin ouverte du précédent épisode. Abandonné à la tête d’un empire spatial dont on voyait mal ce qu’il pouvait en faire, le guerrier solitaire Richard B. Riddick s’est rapidement lancé à la recherche de sa planète natale et, berné par son Iago de lieutenant Vakko (Karl Urban, ici sous-employé), se retrouve vite abandonné sur une planète hostile où ses qualités de survivance seront mis à mal par des créatures venimeuses et affamées. Le règne de Riddick à la tête des Necromongers ayant été relativement court, toutes les perspectives narratives du précédent film se verront ainsi balayées par une introduction revenant aux fondamentaux de la saga.

Conscient des attentes des fans et doté de moyens moindres que son second opus, Twohy n’a pas d’autre choix que de revisiter les sentiers balisés du premier opus en faisant de Riddick un nouveau survival spatial, bien loin des aspirations épiques des Chroniques. Ne faisant pas partie des mécontents du second film, j’ai moi-même longtemps déploré ce changement de direction avant de voir cet ultime chapitre et de lui reconnaître assez de qualités pour considérer la trilogie dans son ensemble comme réussie. Il faut voir comme le film redonne à son personnage principal l’aura que ses années d’absence lui avaient fait perdre.

Mis à mal et manquant de mourir dès le début du métrage, Riddick mettra pourtant beaucoup de temps à s’en remettre. Seul sur un astre désolé et en proie aux attaques répétées de prédateurs affamés, le Furyen nyctalope finira par tromper sa solitude en dressant à la chasse une sorte de loup extra-terrestre qui l’avait auparavant pris pour proie. Richard Riddick n’étant pas du genre à se la raconter Kevin Costner et danser avec les canidés aliens trop longtemps, il se mettra bien sûr rapidement en devoir de quitter ce rocher en proie à des hordes de monstres bien plus dangereux que son nouveau toutou. Sans vaisseau ni technologie pour se faire, l’ancien empereur misera alors tout sur son passé de bagnard en attirant l’attention de chasseurs de primes spatiaux qui capteront très vite son signal. La prime pesant sur la tête du Furyen valant encore le détour, ce seront deux équipes de tueurs qui débarqueront sur l’astre et y joueront méchamment des coudes pour mettre la main sur le fugitif, celui-ci s’amusant alors à semer la confusion chez ses poursuivants tout en réduisant malicieusement leurs effectifs. Finalement contraint de se livrer à ses ennemis pour faire équipe avec eux, Riddick finira par reconnaître dans l’un des chefs des mercenaires, le père revanchard d’un de ses adversaires passés…

Tout dans Riddick tend à contenter les fans de l’univers en réinvestissant Riddick de son statut d’anti-héros un peu perdu dans le précédent épisode. Un rien vieillissant, Vin Diesel se plait visiblement à retrouver son personnage, conscient de son statut iconique. Ce n’est pas pour rien que la star aura mis la main à la poche pour que cette suite se fasse. Contraint d’assurer un cahier des charges précis tout en assurant la cohérence d’un triptyque dont il reste le seul auteur, David Twohy lui, arrive à éviter les nombreux pièges tendus par sa nouvelle ligne narrative et élabore un survival furibard, blindé de scènes spectaculaires à la grande mode virile des actioners 80’s. Le réalisateur-scénariste réussit même l’exploit de garder de côté l’apport narratif des Chroniques pour servir au final un background plus ambitieux (l’exploration d’Anteverse). Son troisième chapitre, tout aussi réussi et divertissant soit-il, aurait pu alors se voir comme une simple parenthèse dans une épopée spatiale qui n’aura certainement pas livrée là tout son potentiel. Le film a beau se conclure sur la promesse d’un quatrième opus explorant plus loin la mythologie de son univers, son ambition affichée ne lui permettra probablement pas de voir le jour. Et Riddick de rester au seuil d’un voyage vers l’inconnu où aucun d’entre nous, pauvres terriens, ne l’accompagnera jamais.

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