On ne sait pas trop ce qui se passe en cours de visionnage de Life : Origine inconnue. Le film démarre pourtant bien, un long plan séquence tout en travellings lents et contemplatifs nous plonge parmi les six membres d’équipage de la station internationale qui s’affairent à récupérer en catastrophe un satellite contenant peut-être des preuves de la vie sur Mars. Bien sûr ils les récupèrent (ben oui, sinon pas de Life), puis le biologiste de l’équipe arrive à ranimer une forme de vie polycellulaire datant de Mathusalem, se prend d’affection pour la petite bestiole tentaculaire et tous la baptisent Calvin. Las, ce cher Calvin fait très vite une crise d’émancipation et arrive étonnamment à s’évader de sa cellule d’isolation en broyant la main de son bienfaiteur et en se repaissant des viscères d’un autre membre d’équipage un peu trop héroïque.

Ce qui est navrant dans Life, c’est le tour prévisible que prend l’intrigue une fois passé la première demi-heure. Ambitieuse et particulièrement soignée, l’exposition semble annoncer un sympathique petit huis-clos spatial pompant son postulat et sa trame narrative sur un des plus grands films de Ridley Scott (comment ça lequel ? Bon un indice : il ne s’agit pas de Gladiator). Las, une fois passé l’indigestion de Deadpool, le film accumule les bourdes narratives et les mises à mort attendues, jusqu’à filmer d’un peu trop près chaque intervention de la vile créature. Toute cette attention consacrée à cette sorte d’étoile de mer mutante en vient à décrédibiliser la bestiole qui au lieu de créer l’angoisse et induire l’appréhension de ses apparitions, finit plutôt par provoquer le sourire. Privilégiant la forme de son film au détriment de toute logique narrative, Espinosa semble ne pas avoir imprimé les règles fondamentales de la terreur à l’écran et Life se transforme très vite en authentique nanard à l’hollywoodienne, bourré de clichés et de stéréotypes. Les personnages sont à peine étoffés, leurs réactions parfois étranges (voir le personnage de Gyllenhaal redevenir un peu trop zen après la mort de deux de ses collègues) et leurs morts prévisibles et souvent dégooolasses. A cela s’ajoute une musique omni-présente qui appuie de manière un peu trop significative le côté dramatique et horrifique de certaines séquences.

Conscient de la direction qu’il donne à son film, le réalisateur n’en soigne pas moins sa réalisation (il ne manque d’ailleurs pas d’idées visuelles pour relever l’ensemble) et montre même assez d’ironie et d’humilité pour sauver les meubles. Le dernier acte en particulier, même si prévisible de bout en bout, fait montre d’une cruauté particulièrement renversante et suffit à lui-seul à rattraper l’ennui subit au visionnage de tout ce qui a précédé. A cela s’ajoute les emprunts évidents au chef d’oeuvre de Scott (tant formels que narratifs), les enjeux de l’intrigue étant les mêmes que ceux de son modèle, et quelques idées judicieusement exploitées, la meilleure étant de faire de son alien une créature passe-partout, sans cesse à l’affût du moindre interstice où se glisser pour atteindre ses proies. Ces quelques qualités, si elles ne suffisent évidemment pas à inscrire Life parmi les références du genre, lui permettent au moins de se hisser au rang de sympathique divertissement spatial, porté à bout de bras par son casting. Il suffira pourtant d’un Alien, d’un Sunshine, voire même d’un Event Horizon pour oublier totalement le space trip de ce cher Calvin.

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