Actioner furibard aux accents guerriers des plus réjouissants, Predator premier du nom conforta le statut de superstar du grand Schwarzy, tout en propulsant la carrière hollywoodienne de son réal John McTiernan. Il permit aussi à son producteur Joel Silver de rentabiliser ses dépenses jusqu’à en faire le grand nabab des 80’s. Logique que ce dernier, associé à la Fox, ne tarde pas à lancer rapidement le projet d’une suite aux excursions terrestres du terrible chasseur alien. Las, impossible de réemployer Schwarzy, ce dernier étant parti flinguer du tyran sur mars. McTiernan lui, s’apprête à embarquer à bord de l’Octobre rouge et n’a aucunement le désir de rempiler à la réalisation d’une suite qui n’a a priori pas lieu d’être. Cela ne décourage pas pour autant Joel Silver qui trouve très vite un remplaçant à McT en jetant son dévolu sur Stephen Hopkins. Remarqué grâce à son Freddy 5 et sa gestion des effets visuels (l’homme dévoré par sa moto), Hopkins, alors âgé de 32 ans, accepte le lourd projet et livrera ce qui s’avère moins une suite directe qu’un remake déguisé du chef d’oeuvre de McTiernan

1997. La cité des anges s’embrase dans la chaleur d’un été caniculaire. Les rues sont le théâtre d’une guerre des gangs particulièrement meurtrière entre les cartels jamaïcains et colombiens. Pris dans le feu croisé de gangsters devenus fous, la police tente comme elle le peut de mettre fin au carnage. Officier décoré et dur-à-cuir, Michael Harrigan prend part à une fusillade en pleine ville avec les hommes du cartel colombien. Barricadés dans un immeuble, ceux-ci sont bientôt tous massacrés par un mystérieux “justicier”, créature quasi-invisible que Harrigan est seul à avoir aperçu. Alors qu’une équipe de scientifiques s’intéresse de près à ce qu’a vu Harrigan, un collègue et ami de ce dernier est bientôt assassiné. Harrigan jure de le venger.

Développer une suite à l’intrigue de Predator n’était pas chose aisée, d’autant que le script de cette séquelle n’en reprend qu’un seul personnage, le predator. Les événements du premier film qui justifient la présence des scientifiques, seront tout juste évoqués au détour d’une réplique. La grande idée de Predator 2 est de délocaliser la trame guerrière du premier film dans le chaos urbain d’une L.A. quasi futuriste (l’intrigue se situe 7 ans après la sortie du film), devenue ici une véritable zone de guerre. Une autre jungle, tout aussi oppressante, livrée à la furie de trafiquants aux allures de barbares sanguinaires. Le terrain de chasse idéal pour la créature qui, loin des longues observations de son prédécesseur dans la jungle guatemaltèque, va très vite signaler ici sa présence en commettant un véritable massacre dès l’impressionnante séquence d’ouverture. Dès lors, le monstre n’aura de cesse d’élire des proies à sa hauteur, évoluant parfois à la lisière des événements telles une menace planant sur toute la ville et qui nourrira au passage les angoisses superstitieuses de criminels hallucinés. Prenant au départ des allures trompeuses de justicier, le monstre n’aura finalement d’autre préocupation que de remplir son tableau de chasse en tuant flics et truands sans distinction dans des mises à mort tout aussi gores les unes que les autres (le massacre dans le penthouse, le meurtre de King Willie).

Issu du cinéma horrifique, Stephen Hopkins ne rechigne jamais à laisser couler le sang à l’écran et livre ici une succession de séquences mémorables allant de la scène du penthouse au combat dans l’abattoir, en passant par le massacre aveugle dans le métro (qui révèle d’ailleurs les limites de la furie meurtrière du monstre). Le tout culmine dans un dernier acte apocalyptique, où le chasseur affronte enfin “le lion” Harrigan sur les toits de la cité endormie. Divisé en trois parties distinctes (l’abattoir, les toits, le vaisseau), ce dernier acte renvoie évidemment au pugilat final du premier opus et recycle un climax à l’origine prévu pour le film de MacTiernan (toute la partie dans le vaisseau des predators). Cette fin enrichit d’ailleurs la mythologie du monstre jusqu’à en faire le représentant d’une race belliqueuse mais vraisemblablement hierarchisée, très loin des agissements a priori solitaires de son congénère du premier film.

Bref on trouve largement son compte d’action et d’horreur dans cette suite qui réussit amplement à tenir la dragée haute à son modèle. Au point qu’on hésitera à se prononcer sur sa préférence. Appuyé par la superbe photo de Peter Levy (le travail sur les couleurs est à tomber) et la partition tribale d’Alan Silvestri (lequel améliore ici son score du premier opus), Stephen Hopkins rivalise d’ingéniosité pour contourner les pièges de la redite facile et parvient même à iconiser définitivement son monstre vedette via des images impressionnantes (la scène où le predator marche lentement vers King Willie pour le provoquer en duel). Danny Glover lui, se révèle particulièrement convaincant dans son rôle de flic dur à cuire, très loin de ce à quoi il avait habitué le public dans les Arme fatale. Il retrouve ici Gary Busey et donne la réplique à une pléthore de talentueux seconds couteaux (le regretté Bill Paxton, Ruben Blades, Maria Conchita Alonso, Robert Davi, Adam Baldwin).

Malgré toutes ses qualités, Predator 2 fut quelque peu boudé à sa sortie, la faute à une classification NC-17 (interdit aux mineurs), qui aura considérablement réduit le nombre de ses spectateurs en salles. Son semi-échec au box-office condamna alors quelque peu la franchise à l’écran mais quelques-unes de ses idées (le crâne de xenomorphe, le pistolet du corsaire Raphaël Adolini suggérant les chasses anciennes) furent reprises et développées dans une ribambelle de comics et de jeux vidéos consacrés au predator (dont les cross-overs Aliens vs Predator). Au cinéma, il faudra attendre le médiocre Alien vs Predator du tâcheron Anderson pour retrouver le monstre aux rastas qui aura même droit à une troisième partie de chasse à l’homme (Predators), cette fois loin des cimes urbaines. En attendant son retour dans quelques mois, sous l’objectif de Shane Black, qui espérons-le, lui rendra toute son aura… en plus de lui offrir des proies de taille.

Loin de la chaleur suffocante de L.A. et des chasses à l’homme urbaines, nous sommes ici bien en hiver, le 1er de l’an, et je vous souhaite à tous une bonne année 2018.

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