De retour en terre américaine 12 ans après son remake plutôt réussi du Assaut de Big John, Jean-François Richet se la joue une fois encore réal expat et offre à papy Gibson (tricard à Hollywood depuis une dizaine de berges), l’occasion de reconquérir le haut de l’affiche avec ce petit thriller sorti de nulle part en cours d’année 2016 et que l’on m’a depuis chaudement recommandé.

Très loin de se résumer à n’être qu’un actioner tardif à la gloire de la star déchue (comme le laissait croire à l’époque la promotion du film), Blood father se révèle être un surprenant petit road movie dont le ton résolument dramatique et les nombreuses explosions de cruauté le classent haut la main parmi les très bonnes surprises de l’année passée (avec Bone Tomahawk). De là à dire qu’il s’agit ici du meilleur film de Gibson acteur depuis 15 ans, il y a un pas que je serai tenté de franchir. D’autant que l’âge aidant, l’acteur ne nous ressert plus son cabotinage de tête brûlée habituelle mais compose ici un personnage d’ancien alcoolique, véritable écorché vif, conscient qu’il a fichu sa vie en l’air.

Le jeu étonnamment sobre de la star, la réalisation millimétrée de Richet (modeste, le gonze n’a plus grand chose à apprendre en terme de mise en scène, si ce n’est par Gibson lui-même), la participation de cette vieille carne de Michael Parks (spécialiste des monologues qui tuent depuis 96 et From dusk till dawn), de Miguel Sandoval (méconnaissable) et de William H.Macy, et ce final sobrement “explosif”, suffiront à contenter les cinéphages exigeants en quête de péloche percutante, assez originale pour trancher avec la production actuelle.

Ceci dit, qu’on ne s’attende pas non plus à un chef d’oeuvre, l’intrigue du film reste minimaliste et va droit à l’essentiel, le script privilégiant la trajectoire fracassée de cet ex-taulard sortant une dernière fois des clous pour aider sa fille qui a eu la bonne idée de se maquer avec un faux agent immobilier, véritable trafiquant de came (Diego Luna en mode pré-Rogue One). Au final, Gibson en papa protecteur ne fait que répondre au papa vengeur que l’acteur incarnait il y a sept ans dans son dernier succès public Hors de contrôle. On appréciera (ou non) pour l’occasion les nombreux parallèles qui sont faits ici entre la trajectoire du personnage-titre et celle de son interprète, celui-ci semblant montrer patte blanche en condamnant ses débordements passés et son alcoolisme le temps de quelques répliques à priori anodines.

En fait, le seul reproche que je ferai au film est le peu d’émotion qu’il suscite, Richet préférant à la guimauve d’un thriller larmoyant, le réalisme rare d’un road trip sans pitié. Une direction qui finit de donner à ce Blood Father l’aura d’un film d’action pas si con que ça, porté par le charisme de sa star vieillissante qui, en plein creux de la vague, nous rappelle que le genre n’a pas encore fini de se passer de lui.

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