Une bande de jeunes citadins bien stupides partent en virée en pleine campagne. Loin de la civilisation, ils croisent la route de deux rednecks inquiétants. Très vite, une des jeunes filles est “enlevée” par les deux individus patibulaires et ses amis tentent alors désespérément de la sauver. A moins que…

Alors vu comme ça, le film a tout l’air d’être un bête survival bourré de clichés et sans une once d’originalité. Evidemment que non, car Tucker and Dale fightent le mal est bel et bien une comédie un rien trash sur les bords et qui prend justement pour protagonistes les deux bouseux Tucker and Dale, lesquels à la suite d’une série de quiproquos sont pris par les jeunes gens comme de proches cousins à Leatherface. Une nuit le sentimental et benêt Dale porte secours à la belle Alison qu’il sauve de la noyade. Las, les amis de la jeune femme se persuadent très vite qu’elle est retenue captive par les deux rednecks aux têtes de psychopathes, à tort bien sûr car Dale n’a jamais autant été aux petits soins.

Le délit de sale gueule vous connaissez ? C’est là tout le concept du film qui s’amuse à détourner les principaux clichés du survival pour nourrir une série de quiproquos plus ou moins bien emmenés. Ainsi, les jeunes du films sont-ils présentés comme des citadins crétins pétris de préjugés hérités d’un certain cinéma de genre. Convaincus qu’ils rejouent le remake de Delivrance ou de Massacre à la tronçonneuse, ils décident de porter secours à leur amie qu’ils pensent captive. Mais en voulant la “libérer” envers et contre tout, les étudiants sont victimes de leur propre bêtise. Cela donne lieu à des séquences amusantes et visuellement réjouissantes (car très gores) proches en cela d’un bon cartoon hardcore où les rôles seraient inversés. Dépassés par la crétinerie de leurs assaillants lesquels préfèrent attaquer plutôt que s’expliquer, les deux géants assistent impuissants à un jeu de massacre hasardeux des plus sanguinolents que ne renierait pas un certain Sam Raimi.

L’exercice aurait de quoi tourner court si le réalisateur et scénariste ne nourrissait pas le tout d’une sous-intrigue un rien redondante basée sur le passé mystérieux d’un des jeunes campeurs, véritable bad guy du film. Une façon comme une autre d’étoffer la narration d’un film au scénario finalement bien faible. Car même si le concept est bien trouvé et se prête volontiers à tous les débordements visuels imaginables, Tucker and Dale vs Evil semble hélas parfois y passer à côté et ne pas en tirer tout le potentiel comique. Le scénario entretient maladroitement le malentendu entre les protagonistes jusqu’à privilégier le développement d’un bad guy dont on se fiche royalement. Il aurait été préférable que le récit tire pleinement parti de l’absurdité de son concept plutôt que s’acheminer vers un dernier tiers des plus conventionnels et moralisateurs.

Reste quelques bons moments de pure comédie horrifique, ne lésinant pas sur les effets gores et les gerbes de sang (le passage de la broyeuse est tellement réjouissant qu’on en oublie volontairement toute la bêtise du pauvre campeur). Pour autant, Tucker and Dale vs Evil ne se complaît pas dans la succession de mises à morts gratinés (et de débordements graphiques qui vont avec) et s’oriente plutôt vers la comédie horrifique gentillette, débordante de bons sentiments mais ponctuée de quelques tâches rouge sang des plus tenaces.

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