Après le génial premier opus (oui, je l’avoue, c’est à mes yeux le meilleur film de son réalisateur, meilleur que le premier Sin City) et une suite indigente au possible, Rodriguez persistait à vouloir capitaliser sur la relative rentabilité de sa franchise low-cost. Atteint du syndrome lucasien dite de la préquelle inutile, le mexicain proposait ici non pas une suite au regrettable Texas Blood Money mais une lointaine préquelle à son propre film dont il confia la réalisation à son pistonné de beau-frère PJ Pesce (le réalisateur de l’inestimable Sniper 3 avec Tom Berenger).

Se proposant de revenir sur les origines de la belle Satanico Pandemonium (mais qu’est-ce qu’on s’en foutait en fait !), le scénario de ce troisième opus se contente en fait de dupliquer paresseusement la mécanique narrative du scénario initial de Alex Kurtzman et Quentin Tarantino, prétextant un contexte vaguement historique (la révolution mexicaine et la disparition mystérieuse de l’écrivain Ambrose Bierce dans le désert) et débutant comme un western sous forme de cavale criminelle avant d’enfermer l’ensemble des protagonistes dans le funeste bar aux vampires.

Et c’est sans surprise que la seconde partie fera place au jeu de massacre et aux débordements horrifiques attendus, alignant autant de mises à mort grand-guignolesques que de SFX cradingues et n’ayant pour seul intérêt que de nous faire visiter un temps les coulisses de ce lupanar infernal. Pathétique au possible, le réalisateur s’autorise même quelques écarts délirants qui n’arrangent rien à la qualité désastreuse de son métrage (la scène du tango filmée en noir et blanc, d’accord mais c’est censé faire sourire ou quoi ?…).

Tout comme pour Texas Blood Money, Rodriguez tapait ici à nouveau dans son modeste livret A pour se payer la fine fleur des troisièmes rôles, offrant son premier rôle principal à l’inexpressif Marco Leonardi (qu’il ré-emploiera d’ailleurs dans Il était une fois au Mexique) et l’entourant d’une distribution discount (Rebecca Gayheart, Orlando Jones, Sonia Braga, Temuera Morrison eeeet… Danny Trejo). Si Salma Hayek ne rempile évidemment pas dans le rôle de la naïve Esmeralda, future Satanico (pas folle la guêpe), la présence de Michael Parks se révèle être le meilleur argument pour (oser) tenter le visionnage de la chose, l’interprète du cultissime Earl McGraw se voyant ici endosser la défroque de l’écrivain Ambrose Bierce, tout aussi vindicatif qu’halluciné et suffisamment imbibé durant tout le film pour convaincre Seth Gecko de suivre une cure de désintox.

Ce que les admirateurs de l’auteur du Dico du diable pourront évidemment prendre comme une insulte impardonnable de la part des créateurs de cette préquelle honteuse, uniquement produite pour engranger plus de fric qu’elle n’en aura dépensée.

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