Suite au succès critique et public de son premier long-métrage, Robert Cummings alias Rob Zombie remit très vite le couvert. La Maison des 1000 morts s’étant très vite taillé une réputation de film culte grâce notamment à son traitement atypique et à une galerie de grands tarés tous aussi fascinants que terrifiants, logique que le métalleux et nouveau cinéaste réponde alors aux attentes des fans et embraye illico sur une suite.

Une pseudo-séquelle en l’occurrence tant The Devil’s Rejects, sorti en 2005, met à nouveau en scène la même famille de timbrés, les Firefly (ou l’héritage meurtrier des Marx Brothers), et se situe dans une certaine continuité de leurs précédents forfaits tout en s’en différenciant par une approche bien plus réaliste mais pas moins dérangeante. L’occasion pour le réalisateur de convoquer à nouveau son sympathique Captain Spaulding (excellent Sid Haig) qui de personnage secondaire largement remarqué dans le premier opus passe ici clairement au premier plan, aux côtés d’une famille Firefly dont il s’avère être le beau-père. Ceux-ci se retrouvent dans le collimateur d’un chef de la police méchamment rancunier depuis que la joyeuse tribu a massacré son frangin dans le premier film. Un flic ivre de vengeance (incarné par William Forsythe) qui n’hésite pas à lancer tous ses effectifs aux trousses du clan de psychopathes, lesquels ne tardent pas à tailler la route, une armée de flics enragés aux trousses. En découle une cavale sanglante dont les accès de rage et de violence renvoient pour beaucoup à tout un pan du cinéma de genre des années 70, la mise en scène de Zombie restituant à merveille ce côté seventies sur lequel lorgnaient maladroitement des péloches comme le remake de Massacre à la tronçonneuse de Nispel ou le Death Proof de Tarantino.

Mais si le précédent opus se voulait une variation haute en couleur du mythique Massacre à la tronçonneuse de Hooper, The Devil’s Rejects renvoie plutôt à l’aspect viscéral du cinéma de Peckinpah. D’autant que loin de céder à un quelconque manichéisme, Zombie insiste autant sur la cruauté de cette tribu de dégénérés que sur les exactions de leur principal adversaire, tout aussi fou et sadique que les monstres qu’il traque. Manifestant clairement son attachement pour les Firefly, Zombie suscite d’autant plus une certaine empathie envers eux qu’il met également en scène sans oeillère la torture que ceux-ci infligent à leurs malencontreux otages. Sans aucun référent digne de ce nom, le cinéphage (un rien timbré certes) se plaira alors tout autant à suivre la fuite sanglante des Firefly que la croisade vengeresse de leur némésis. Il est juste dommage que le cinéaste choisisse de mettre subitement un terme à cet antagonisme en moins de temps qu’il n’en faut pour convoquer un deus ex machina inattendu (pléonasme).

Dès lors, cette cavale meurtrière n’aura plus qu’à s’achever sur un dernier acte aussi rageur que désespéré, lorgnant pour beaucoup sur le western crépusculaire (Peckinpah je vous dis) et propre à magnifier définitivement son trio de survivants psychotiques dans leur ultime charge face aux hordes de l’ordre.

Nombre de bien-pensants mirent d’ailleurs à l’index à l’époque de la sortie du film une propension à glorifier ces monstres sanguinaires, accusant du même coup le cinéaste de faire l’éloge des tueurs en série. Des critiques évidemment aveugles au fait que si le cinéaste épouse le point de vue de ses protagonistes, il se garde bien de les juger et de cautionner leurs actes. Non, tout ce que fait Rob Zombie c’est de conclure en beauté son diptyque Firefly en filmant une cavale dont le degré de sauvagerie reste probablement encore sans équivalent sur les écrans.

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