Suite au carton surprise de The Raid en 2011, Gareth Evans eut tôt fait d’embrayer sur un second opus qui n’aura que partiellement convaincu. Ce Berandal se présente tout d’abord comme une suite directe de The Raid, le prologue du film nous dévoilant les conséquences dramatiques des événements précédents (la scène d’ouverture donne le ton d’emblée). Loin de recycler le postulat du premier film (intrigue à la timeline réduite, unité de lieu restreinte), cette séquelle lorgne plutôt du côté de la chronique criminelle à monde ouvert, impliquant luttes de pouvoir au sein de la pègre, ambitions contrariées, trahisons sanglantes, règlements de comptes et flics corrompus ou infiltrés. D’où une durée particulièrement conséquente, 2h30 là ou The Raid premier du nom s’appréciait pleinement en moins de deux heures. Ce qui permet au réal et scénariste de voir les choses en grand et de livrer un film à priori plus ambitieux, drainant autant de protagonistes que d’enjeux.

Un choix à double tranchant car si le scénario regorge d’idées alléchantes, Evans aurait grandement gagné à expurger son intrigue de certains éléments dramatiques tant ceux-ci s’avèrent finalement gratuits voire carrément redondants et nuisent quelque peu au rythme de son histoire. Si le réalisateur convoque à nouveau le prodige chorégraphique Yayan Ruhian (si, vous savez le petit gars presqu’increvable dans le premier film…) dans un tout autre rôle que celui qu’il tenait précédemment, le background de son personnage ne fait que surcharger inutilement l’histoire, alors qu’il n’est au final traité que comme un simple ressort narratif permettant l’entrée en scène d’un adversaire à priori imbattable et auquel sera bien évidemment confronté Rama. Ce dernier d’ailleurs, véritable héros de l’histoire, peine parfois à exister au milieu d’une profusion de figures toutes aussi inquiétantes et cruelles qu’ambivalentes (le fils ombrageux du chef de la pègre, le tueur à la batte de base-ball, sa comparse sourde et muette…). On en vient même à se demander au bout d’une heure trente où est passé notre héros, avant qu’Evans ne le convoque pour un dernier acte furibard et particulièrement jouissif.

Car si ce dernier s’emmêle un peu les pinceaux question scénar, il n’en reste pas moins toujours aussi virtuose dans l’art de l’action définitive. Soucieux de surpasser le tour de force de son premier film, le cinéaste livre ici une succession de morceaux de bravoure particulièrement impressionnants et filme ses pugilats impitoyables comme autant de ballets rageurs et sanguinaires propres à ravir les spectateurs en manque de sensations fortes (ce combat final…). Ajoutez à cela une superbe direction artistique et un soin tout particulier apporté à la photographie et vous serez en mesure de passer outre la durée un rien excessive de cet actioner aux allures de polar criminel et un rien musclé. Et peut-être même, qui sait, de souhaiter un troisième rancard avec Rama…

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *