Version PlayStation 3

En 1990, John Carmack co-fondait le studio ID Software et concevait l’un des jeux les plus emblématiques de son époque, le célèbre et séminal Doom, FPS hautement horrifique, duquel fut inventé l’expression doom-like tant il devint une référence en la matière. Le joueur était immédiatement plongé dans l’ambiance oppressante d’une station scientifique martienne infestée de créatures monstrueuses originaires d’un univers parallèle. Car en voulant développer un moyen de téléportation interplanétaire, les scientifiques avaient ouverts un portail donnant directement sur une dimension infernale à forte connotation chrétienne. En résultait une sorte de croisement vidéo-ludique entre le Aliens de James Cameron et le splatterpunk à la sauce Barker.

Quelques suites plus ou moins réussies vinrent agrémenter cet univers cauchemardesque pour le plus grand plaisir des fans jusqu’à aboutir à une adaptation insipide dans la droite lignée des Resident Evil nanardesques de Paul W.S. Anderson.

Entre-temps, John Carmack aura participé à l’élaboration de quelques autres oeuvres vidéo-ludiques dont l’aboutissement semblaient être ce Rage tant attendu, annoncé comme un Doom en monde ouvert. C’est dire dans quelle attente fébrile m’avaient plongés le pitch et les premières images.

Et je ne fus pas déçu dès ma première partie tant la claque visuelle était conséquente et me plongeait dans un environnement post-apo des plus travaillé. Une immersion sur console digne des meilleurs opus PC, privilégiant l’exploration d’un monde ouvert prometteur et foisonnant de détails visuels et narratifs. Ainsi, la trame me plongeait dans un futur post-apocalyptique évoquant les grandes heures du triptyque Mad Max (dont les premières images du quatrième opus Fury Road me font à leur tour beaucoup penser à l’esthétique du jeu). Le personnage mutique que l’on interprète est le survivant d’une arche de la dernière chance. Plongé en hyper-sommeil durant des décennies, il se réveille sur une terre dévastée par la collision d’un astéroïde et se retrouve embringuée dans une succession de luttes de pouvoirs entre une armée fascisante et des factions rebelles diverses. Le joueur peut en outre se reposer sur un arsenal des plus inventifs et réjouissants, fort utile quand il s’agit de repousser des vagues de mutants dégénérés fonçant sur vous sans hésitation.

Alors quoi, Rage a-t-il donc tout d’une réussite ? Nan, loin de là. Car là où le jeu gagne dans son visuel et son macrocosme, il le perd indéniablement dans des phases d’action devenant rapidement redondantes et lassantes, variant le moins possible la nature des ennemis. Très peu de boss dignes de ce nom dans cette aventure finalement très décevante qui aurait largement gagné à offrir un peu plus de diversité dans son décorum. A peine pourra-t-on admirer une métropole en ruines et le monstre titanesque qui y erre au hasard des buildings éventrés. On se prend d’ailleurs à frissonner à l’idée d’affronter un tel mastodonte tout en doutant que les développeurs nous en offre l’opportunité. A tort car cela arrive et le monstre tout aussi imposant et impressionnant puisse-t-il être oppose finalement bien peu de résistance.

A cette déception des séquences d’action vient s’ajouter celle de l’open world qui n’est d’ailleurs ici qu’un prétexte cosmétique, apte à nous faire perdre notre temps dans des étendues désertiques aussi plates qu’inutilement pauvres en enjeux secondaires. C’est simple, on a sans cesse l’impression de perdre notre temps à errer dans le désert, d’autant plus que ce parti-pris contextuel finit par handicaper sérieusement le rythme narratif de l’ensemble.

Mais là où l’on se rend compte que le jeu à subit de véritables problèmes de développements, c’est en arrivant à son ultime niveau. Le scénario loin de diversifier les enjeux de son récit, les bazarde tous aussi secs dans un dernier niveau bâclé au possible, dont le level design désespérément pauvre (et digne d’un Goldeneye : Au service du mal) et aux ennemis peu variés (pas de boss final…) nous laisse croire un temps à une blague de mauvais goût avant qu’une courte cinématique ne vienne mettre fin définitivement à l’aventure principale. Reste les quêtes annexes me direz-vous, mais avec si peu d’application dans l’aventure principale, vous aurez beaucoup de difficultés à vous impliquer dans celles-ci.

Efficace et surprenant dans un premier temps avant de s’enfoncer allègrement dans la redondance la plus désespérante, Rage fut pour moi une véritable déception dont l’aspect et les qualités old-schools ne suffirent pas à rattraper l’indigence d’un scénario ennuyeux au possible, sans une once d’originalité. Je ne peux que le déconseiller à tous les fans nostalgiques des grandes heures du doom-like.

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