Au moment où il s’apprête à arrêter un mystérieux tueur en série, Terry McCaleb est victime d’un infarctus. Sauvé grâce à une transplantation cardiaque, nous le retrouvons deux ans plus tard, végétant dans une marina. Désormais à la retraite, Terry est abordé par une femme qui prétend être la soeur de la donneuse dont le coeur bat désormais dans sa poitrine. Elle lui demande d’enquêter sur le meurtre de sa soeur lors d’un banal braquage de supérette, survenu le même soir que l’infarctus du policier.

Créance de sang (Blood work) est généralement considéré comme un film mineur dans la carrière d’Eastwood, un tout petit film anodin, banal, oubliable. Il est vrai que c’est loin d’être ce que Eastwood nous a donné de meilleur mais de là à dire que le film est raté, il ne faudrait tout de même pas exagérer. Adapté du roman éponyme de Michael Connelly, le scénario de Brian Helgeland (L.A. ConfidentialPayback) n’a d’original que son intrigue retors s’articulant autour des méfaits d’un mystérieux “tueur au code” semblant poursuivre notre héros jusque dans sa paisible retraite.

Le film se situe clairement dans la continuité de quelques anciens polars d’Eastwood acteur tels La Corde raide ou encore le premier Dirty Harry. Car Créance de sang en plus de brosser le portrait de son personnage principal, un flic fatigué enquêtant sur une affaire non classée afin de s’acquitter de sa dette morale, nous décrit à nouveau l’antagonisme étroit qui peut lier une figure “héroïque” à sa némésis. En effet, on retrouve dans le film, cette adversité ambigüe reliant un héros à son pendant négatif, cette dépendance du bad guy vis-à-vis de l’existence de son ennemi juré. Une relation amour/haine dérangeante dans ce qu’elle a de quasi-fraternelle et qui renvoie aux liens qui unissent un Batman à son Joker.

Certes, le scénario en lui-même ne transcende rien tant il suit une enquête convenue sous forme de “buddy” movie égrenant les indices faciles et s’acheminant donc vers une résolution prévisible (la révélation de l’identité du meurtrier ne surprendra personne). La réalisation impeccable de Eastwood se suffit à elle-seule et l’on retiendra quelques séquences mémorables dont celle d’ouverture ainsi que la fameuse course-poursuite centrale se terminant par une fusillade en règle. Eastwood brille à nouveau devant et derrière la caméra, son charisme intact malgré l’âge nous permettant de voir à travers son Terry McCaleb une énième vision d’un Harry Callahan au coeur certes plus fragile et sensible. Créance de sang est donc un honnête film policier, porté par un bon casting et le talent de son réalisateur et acteur principal.

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *