La perte de son épouse et son deuil à peine entamé, John se réconforte en s’occupant d’un jeune chiot, dernier cadeau offert par sa femme peu avant son décès. Il suffira d’un cambriolage pour que tout dérape. Agressé chez lui par des petites frappes qui le battent à mort, tuent son chien sous ses yeux et lui volent sa voiture, John Wick semble avoir définitivement tout perdu. N’importe quelle personne à sa place serait à même de s’effondrer et de ne jamais s’en remettre mais Wick n’a rien d’un quidam ordinaire. Bientôt, la rumeur finit par se répandre que le fils inconscient d’un parrain de la mafia russe s’en est lâchement pris à l’homme qu’il ne fallait pas. A la seule évocation du nom de John Wick c’est alors toute la pègre de la ville qui se met à trembler, tandis que sous le sol fracassé de sa maison, l’ancien tueur retrouve ses armes, prêt à sortir de sa retraite.

Garnissant depuis 2009 la fameuse black list hollywoodienne, le scénario de John Wick sera finalement porté à l’écran en 2014 par David Leitch et Chad Stahelski. Et force est de constater que pour leur première réalisation, les deux illustres cascadeurs signent un très bon film d’action.

Si le pitch et le fil directeur du film côtoient la simplicité narrative d’une production Besson, l’ensemble du film se démarque remarquablement du tout-venant des bandes d’action actuelles par une réalisation toute aussi percutante qu’élégante ainsi qu’une somptueuse direction artistique, enveloppant cette énième histoire de vengeance de contours crépusculaires du plus bel effet.

Alors certes, on pourra trouver le prétexte du chien sacrifié un peu léger voire abusif (ou simplement ridicule) mais le fait est que la mort de l’animal, en plus d’être le catalyseur de l’histoire, résonne également comme une injure impardonnable faite au personnage et au souvenir de son épouse. Il faut ensuite voir comment cet élément déclencheur nous révèle subitement le passif de ce veuf énervé, le nom de John Wick prenant alors dans les propos des différents truands une valeur menaçante, résonnant comme la promesse d’une mort inéluctable pour ceux qui ont osés interrompre son deuil de manière si cruelle.

A l’opposé de l’anonymat d’un Jack Reacher, la renommée criminelle de John Wick, elle, lui (r)ouvre très vite les portes de tout un monde underground insoupçonné, où circule de main en main une monnaie parallèle et où des “nettoyeurs” aux allures de sinistres croque-morts se pointent sur un simple coup de fil pour débarrasser le théâtre d’une tuerie de ses cadavres encombrants. Il faut également voir ce luxueux palace dont la clientèle se révèle être uniquement composée de truands, mafieux et tueurs de toutes sortes, trouvant refuge dans ce sanctuaire hôtelier où toute hostilité quelle qu’elle soit est interdite au risque d’encourir une sanction radicale. De brillantes idées scénaristiques donc, auxquelles viennent s’ajouter de nombreux clichés clairement assumés sur la fameuse loi du milieu (et celle du Talion) et qui participent grandement à forger une identité propre à cette série B pétaradante et décomplexée.

De plus en plus absent des écrans ces dernières années, Keanu Reeves s’y révèle parfait dans la peau du personnage éponyme, tueur à gages redouté de tous, dont le deuil impossible et l’esprit revanchard sert de tremplin à cette croisade vengeresse au bodycount surélevé. Face à lui, Michael Nyquist incarne l’ambigu parrain de la pègre, tandis que Willem Dafoe et John Leguizamo viennent compléter la distribution.

Sans prétention aucune, si ce n’est celle de proposer un actioner de qualité, John Wick s’avère être au final un très bon divertissement dont la simplicité de l’intrigue se voit largement rattrapé par une approche hautement percutante et spectaculaire du thème de la vengeance. A voir donc pour ceux en manque de bandes d’action aussi énervées qu’efficaces.

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