Surtout connu pour son travail en tant que scénariste et producteur des séries X-Files et Millénium, ainsi que pour sa longue collaboration avec le réalisateur-producteur James Wong avec lequel il développa la série des Destination Finale, Glen Morgan est de ces exécutifs de l’ombre, discret mais pas moins perfectionniste.

Après une longue et prolifique carrière de producteur associé tant au cinéma qu’à la télévision, Glen Morgan passa enfin à la réalisation en 2003 en proposant un remake d’un film méconnu des années 70 intitulé Willard.

Petite série B nantie d’un budget modeste, ce nouveau Willard nous dresse le portrait pathétique d’un jeune homme timide et malmené par la vie. Sa vie ne se résume qu’à un aller-retour entre sa maison familiale où se meurt sa mère et son lieu de travail où il subit les brimades continuelles d’un patron tyrannique et méprisant.
Se contentant malgré tout de cette existence morne, Willard semble être incapable d’entretenir des relations normales avec quiconque tant sa timidité lui est devenu un handicap insurmontable. Inextricablement lié à sa triste demeure familiale, le jeune homme semble s’être depuis longtemps condamné à ne jamais en quitter les murs pour s’épanouir dans une vie normale.
Un soir, à la suite d’une brève coupure de courant, il descend dans la cave de sa sinistre demeure pour y vérifier le disjoncteur. Il y découvre alors la raison de cette panne, un petit rat qu’il compte tuer dans un premier temps avant de changer d’avis. Ce même rat semble alors s’enticher de Willard et réciproquement, ce dernier se trouvant enfin un ami et un confident. Bientôt, le jeune homme se découvre la capacité de commander aux nuées de rats qui peuplent les sous-terrains de la vieille demeure.

Véritable petit bijou de fantastique allégorique, Willard décrit la lente et implacable descente en enfer de son personnage-titre dont le quotidien se voit très vite envahie par des milliers de rats. Une véritable armée de rongeurs dont le nombre sans cesse grandissant ne fait que répondre aux tourments névrotiques de leur prétendu maître.

Dès lors les événements s’enchaînent, tous plus jouissifs les uns que les autres et suivent la trajectoire descendante du personnage jusqu’à culminer dans un climax désespéré où s’effondre au propre comme au figuré les derniers vestiges de raison du jeune homme.

Expurgé de tout excès gore, suite à un remontage PG-13 imposé par la MPAA (le comité de censure américain) qui exigea également que la fin originale, jugée trop sombre, soit modifiée, Willard a depuis quasiment été renié par son réalisateur, lequel d’ailleurs ne réalisa qu’un seul autre film depuis.

Dommage, car en l’état, Willard reste un excellent film fantastique et psychologique, en tout point supérieur à son modèle (dont l’acteur principal hante ce remake via les quelques portraits du père du héros disséminés dans sa sombre demeure) et porté par la performance hallucinante de Crispin Glover, ici littéralement habité par son rôle.

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