Un autre road-movie potache comme les frères Farrelly savaient si bien les faire dans les 90’s, ponctué de gags tout aussi drôles les uns que les autres. Réalisé juste après Dumb and dumber mais n’ayant jamais eu droit à une distribution dans les salles françaises (il ne fut même jamais édité en DVD à mon souvenir), ce Kingpin s’attache à suivre l’amitié improbable et le parcours de deux losers faisant route à travers les Etats-Unis pour participer à un championnat de bowling qui pourrait bien changer leur existence. Moins burlesque que Dumb and dumber mais pas moins jusqu’au-boutiste dans son traitement de l’humour et de sa dramaturgie, ce second film des frères Farrelly met en avant la thématique et le propos principal de l’oeuvre des deux frangins, à savoir que l’Amérique ne se résume pas qu’à des rêves de gloire, des contrées fantasmées et des stars triomphantes, à des figures héroïques irréprochables et à des yuppies aux sourires éclatants. L’Amérique est un autre de ces nombreux pays à malmener et mépriser ses déshérités, ses handicapés et ses laissés pour compte.
Je retiens surtout l’interprétation de Woody Harrelson toujours aussi à l’aise dans la comédie que dans tous les autres genres qu’il aura abordé durant sa carrière. Si Randy Quaid amuse simplement dans son rôle de sidekick niaiseux, Bill Murray, lui, s’avère toujours aussi génial même en bad guy fourbe et égocentrique, d’autant que c’est la seule fois de sa carrière à ma connaissance où l’acteur se voit affublé d’une moumoute ridicule. On rira de bon coeur ou on trouvera le film stupide, le fait est que par son humour irrévérencieux et le côté tragicomique de son intrigue, ce Kingpin/Strike n’a rien à envier à Dumb and dumber ou Mary à tout prix. Si ce n’est une distribution digne de ce nom, apte à le faire (re ?)découvrir au public français qui se plait toujours à lorgner de l’autre côté de l’océan.
Qui plus est, si vous n’avez jamais vu un champion de bowling manchot traire un taureau, ce film est vraiment fait pour vous.