Novembre 2027. L’humanité agonise, aucune naissance n’a eu lieu depuis 18 ans. Pas l’ombre d’un seul enfant dans le monde. Tandis que le cadet de l’humanité vient d’être assassiné et que le monde entier s’engouffre dans un chaos global sans espoir de retour, l’Angleterre maintient une politique isolationniste, exacerbant les tensions communautaires et idéologiques et plongeant le pays dans un climat d’anarchie.
Au milieu de tout ce chaos, Théo Faron (Clive Owen), un fonctionnaire blasé et alcoolique, ancien activiste politique, est contacté par son ex-femme, Julianne (Julianne Moore), devenue la principale dirigeante des Poissons, un groupe d’opposition politique à tendance terroriste. Elle lui demande de jouer de ses relations au sein du ministère de l’intérieur pour obtenir un laisser-passer sur le territoire pour Kee, une jeune réfugiée africaine. Théo, en vient bientôt à découvrir l’impensable, Kee est enceinte et porte en elle la contradiction d’une apocalypse annoncée. Par la force des choses, il deviendra le protecteur de la jeune femme, la guidant à travers un pays en proie au chaos, tous deux poursuivis par des militants terroristes voulant s’approprier la grossesse miraculeuse de la jeune femme à des fins politiques.

Après avoir réalisé le troisième opus des aventures d’Harry Potter au cinéma, le cinéaste mexicain Alfonso Cuaron décide de filmer la trajectoire d’un parfait anti-héros et de sa protégée dans un futur proche dénué du moindre artifice futuriste et d’argument science-fictionnel si ce n’est cette stérilité soudaine et inexpliquée des femmes.
Récit pré-apocalyptique par excellence adaptée d’un roman de P.D. James, Les Fils de l’homme confronte l’innocence et le pacifisme de ses deux personnages principaux à un amas vertigineux de contradictions idéologiques, de luttes de pouvoirs et de conflits armés atteignant son paroxysme dans la sidérante bataille finale, merveille de virtuosité technique et de perfectionnisme formel. Un art époustouflant de la mise en scène qui deviendra la signature du réalisateur. Cuaron filme les événements à hauteur d’homme se raccrochant sans cesse au point de vue du pacifique Théo, témoin de toutes les horreurs commises par l’homme pour l’homme. De l’introduction du personnage le présentant comme un parfait quidam s’engouffrant dans une foule agglutinée au comptoir d’un café jusqu’à ses déambulations désespérées au coeur de la tourmente d’un champ de batailles, Cuaron ne le quitte jamais de la caméra, et lui confère un capital sympathie énorme, l’érigeant non seulement en parfait référent du spectateur mais également en apôtre de la fin du monde.
Mais Les Fils de l’homme c’est aussi une foule d’autres personnages, fantômes d’une humanité vociférante et suffocante, accrochée à ses derniers instincts belliqueux pour justifier son extinction définitive. Un condensé de feux-croisés magnifiée par la mise en scène méticuleuse de Cuaron.
Il est d’ailleurs impossible à ce propos de ne pas citer ce formidable plan-séquence de la voiture, non seulement pour son tour de force technique indéniable rapprochant avec maestria avant et arrière-plan (intérieur voiture, extérieur voiture), mais aussi parce que la séquence fonctionne comme le catalyseur narratif de toute l’intrigue, propulsant Théo comme le protecteur improbable de la jeune Kee dans une odyssée de bruits et de fureur sans commune mesure.
Les Fils de l’homme s’impose alors aujourd’hui comme un chef d’oeuvre absolu du film d’anticipation, une claque formelle indéniable et un vibrant réquisitoire contre cette violence inhérente à notre espèce. Magistral et bouleversant.

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