X-Men le commencement propose de revenir aux sources de l’univers des plus célèbres mutants et sur les raisons de l’antagonisme opposant le sage professeur Xavier au terroriste Magnéto. Matthew Vaughn succède ici à Bryan Singer et au tâcheron Brett Ratner.
Et pour mieux légitimer ce retour en arrière, il débute son métrage en dupliquant et retournant à l’identique la séquence originelle du camp de concentration, comme une fenêtre ouverte vers le passé, en y introduisant un nouveau témoin de la scène, le médecin nazi Klaus Schmidt, au départ vague silhouette se dessinant dans l’encadrement d’une fenêtre.
Schmidt va très vite prendre le jeune Eric pour sujet d’expériences, le mettant en confiance lors de séances de discussion, essayant de faire reproduire à l’enfant sur des objets plus modestes ce qu’il a fait à ce portail. Face à l’incapacité de l’enfant à réitérer cet exploit, Schmidt va commettre l’inqualifiable et provoquer à jamais le courroux du jeune Eric.

On passera sur le reste de l’intrigue où l’on retrouve Eric désormais jeune trentenaire, sillonnant le monde au cours des années 60 pour débusquer tous les anciens nazis ayant oeuvré dans les camps. Son objectif premier : retrouver la trace du docteur Schmidt qui depuis a changé d’identité et répond du nom respectable de Sebastian Shaw, éminent homme d’affaires.
Shaw est en outre lui-même un mutant surpuissant capable d’absorber et d’emmagasiner toute forme d’énergie cinétique pour la renvoyer aussitôt décuplée.
Dans sa quête de vengeance, Eric fait la connaissance déterminante du jeune et fringuant Charles Xavier, mutant télépathe. Tous deux sympathisent mais il apparaît très vite que leurs convictions sont à l’opposé l’une de l’autre, Eric prônant la suprématie des mutants sur l’humanité quand Xavier veut oeuvrer pour la paix des espèces. On sait quelle guerre future provoquera ce clash idéologique.

X-Men le commencement (je ne traiterai pas ici du dilemme moral tourmentant Raven) propose entre autres choses de suivre l’évolution des rapports entre Charles et Eric tout en mettant l’emphase sur la haine qui ronge ce dernier. Opportuniste, égoïste et manipulateur, Eric n’a aucune volonté de sauver l’humanité. Son amitié sincère avec Xavier ne l’empêche pas de se servir de lui pour atteindre son but. Eric partage paradoxalement les mêmes convictions, la même idée de l’hégémonie mutante, que celui qu’il s’est juré d’anéantir, Sebastian Shaw.
Ce dernier apparaît alors ici comme une figure paternelle déformée, sorte de docteur Frankenstein machiavélique ayant façonné sa créature hors champ et la résonnant comme un père le ferait avec son fils lors d’une confrontation finale mémorable (“Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait pour toi.“).
Au détour d’une réplique à double-sens, Eric reconnaît alors l’influence de Shaw et donc l’ascendance de celui-ci avant de reprendre le dessus par l’entremise de Xavier, faisant de ce dernier le complice involontaire du meurtre inéluctable que réclame son désir de vengeance.
C’est alors à un véritable passage de pouvoir que nous assistons en fin de métrage, symbolisé par ce casque iconique qui deviendra indissociable du Magneto futur.

X-Men le commencement est donc une histoire de vengeance et d’émancipation.
Comptant une des plus grandes séquences de toute la saga (le fameux défi final de la pièce lancée à Shaw), le film n’est pour autant pas dénué de défauts. Une accumulation de personnages secondaires sous-traités, voire bazardés, et des effets spéciaux qui ne fonctionnent pas toujours, nivellent souvent le film par le bas.
Ce que le film perd ainsi en spectaculaire, il le gagne dans sa dramaturgie et sa cohérence dramatique (dans l’optique aujourd’hui contrariée d’un reboot), distillant habilement les arguments qui conduiront au futur antagonisme des précédents films et de sa récente suite. Et même si l’intrigue accumule les incohérences narratives au point qu’il semble aujourd’hui impossible de placer le film dans la continuité de la franchise pré-existante, ce prequel fonctionne par la force des événements qui y sont relatés et des enjeux qu’il propose.
Le film de Matthew Vaughn se regarde donc avec indulgence et reste à mon sens, après X-Men 2, l’opus le plus réussi de la saga.

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