Scream c’est le film qui, sorti en 1997, permit non seulement à Wes Craven, ancien maître du cinéma d’horreur, de revenir sur le devant de la scène mais aussi et surtout de ressusciter relativement tout un sous-genre (le slasher) tombé en désuétude au début des 90’s.
Ce fut aussi le tremplin qui permit au jeune scénariste Kevin Williamson de débuter une longue et fructueuse carrière de scénariste et producteur (accessoirement réalisateur de Mrs Tingle).

Ainsi déboulèrent dans le sillage de ce film, toute une série de productions plus opportunistes que réellement originales. Le public eut alors droit à une pléthore de péloches pompant allègrement le concept de Williamson (qui plus est lorsqu’il les scénarisait lui-même) tels la série des Souviens-toi l’été dernier et autre Urban legend, mais assista également à la résurgence de vieilles franchises classiques comme le Hallowen 20 après de Steve Miner (encore écrit par Williamson) ou La fiancée de Chucky de Ronny Yu.
Qualifié de néo-slasher, le genre s’essouffla rapidement, la faute à l’utilisation systématique des mêmes ficelles narratives, lesquelles se résumaient à enchaîner des meurtres se voulant systématiquement plus audacieux et surprenants que les précédents pour aboutir à une révélation finale redondante, le tout au détriment du traitement de fond des personnages lesquels n’apparaissaient que comme des victimes ou des meurtriers potentiels.
Le second degré eut lui-aussi sa part de responsabilité dans la mort du genre, son utilisation récurrente finissant par interdire toute crédibilité dramatique aux événements.
Le coup de grâce fut apporté non pas par un film du genre mais par une parodie à succès, le premier Scary movie, qui décortiquait et ridiculisait tout le propos narratif des deux premiers Scream en se servant notamment du même tueur costumé et donnant à son masque hurleur tout un panel d’émotions ridicules traduisant sa bêtise crasse.

Toutefois, il est indéniable que le premier Scream est une véritable réussite et a largement mérité ses galons de classique au fil du temps.
La trame n’innove en rien de prime abord. L’histoire relate une série de meurtre à Woodsboro, petit patelin du fin fond des Etats-Unis, commis par un tueur aux allures de faucheuse et arborant un masque de fantôme hurleur (inspiré du tableau Le cri d’Edvard Munch) ayant le téléphone facile et la cinéphilie intarissable.
C’est bel et bien dans l’exercice de la mise en abîme de ses personnages et dans l’étude des ressorts narratifs propres au genre que le scénario trouve son originalité.
Williamson base ainsi son intrigue sur un classique whodunit (qui d’entre tous est le tueur et qui seront ses prochaines victimes ?) et implique le spectateur dans la recherche du meurtrier en parsemant son intrigue de multiples indices et coups de pouces scénaristiques apte à le mettre sur la voie de la résolution, tout en n’évitant pas quelques pièges narratifs éprouvées (la fausse mort d’une victime s’avérant être le tueur, procédé hérité des Dix petits nègres d’Agatha Christie).
Wes Craven, quant à lui, use des bonnes vieilles ficelles, comme les subites entrées dans le champs de l’assassin (se révélant derrière une porte ou déboulant en arrière plan), les jump scares plus ou moins bien amenés et les clins d’oeil appuyés aux classiques du genre. D’où la manière qu’il a de rendre hommage au séminal Halloween de John Carpenter de par le cadre de son intrigue, l’accoutrement du tueur et même l’utilisation du nom Loomis renvoyant au personnage incarné par Donald Pleasance dans le film de Big John.
Mais aussi par l’excellente scène mettant en parallèle les méfaits de Michael Myers dans la petite lucarne et ceux de Ghostface, la séquence voyant le personnage de Randy trop occupé à trembler pour Laurie Strode pour s’apercevoir qu’un tueur masqué bien réel se tient debout derrière lui.
Une mise en abîme audacieuse de la part du cinéaste, d’autant que Craven ne se prive pas non plus de s’auto-citer, notamment à travers les personnages de Sydney et Billy, renvoyant à leur quasi alter-ego des Griffes de la nuit (Billy Loomis ayant l’habitude de rentrer dans la chambre de sa copine par la fenêtre tout comme le personnage de Johnny Depp dans Nightmare on Elm Street).

La violence de Scream, sujet de controverse à la sortie du film, n’a forcément plus le même impact aujourd’hui tant les années 2000 sont passées par là et ont vu l’émergence d’un cinéma horrifique plus viscéral et dérangeant. Désormais, on sourit volontiers au souvenir de cette polémique qualifiant le film de Craven d’ultra-violent et d’irresponsable.

Pour finir, Scream, par son approche ludique et audacieuse du slasher, aura donné le coup d’envoi à la résurrection de ce sous-genre, depuis retombé en désuétude. Baptisé néo ou méta-slasher, le genre ne survécu pas à la fin de la franchise qui l’aura vu naître.

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