Scream, premier du nom, donna un coup de jeune salvateur à tout un genre qui culmina à travers son mésestimé second volet, pourtant tout aussi audacieux que le premier opus voire plus.

Sur le même concept de mise en abîme, Craven et Williamson multiplient dans Scream 2 les audaces narratives à travers notamment deux meurtres, pourtant inconcevables dans leur mise en forme.
La première séquence crédibilise ainsi le meurtre sauvage d’une jeune femme par le tueur masqué dans une salle de cinéma bondée de fans portant tous le masque du tueur alors que le film projeté en avant-première à l’écran “Stab” est l’adaptation fictive des méfaits précédents du tueur masqué narrée dans le premier Scream.
Cette séquence d’ouverture casse-gueule, aurait pu facilement sombrer dans le ridicule. Elle se révèle au final menée de main de maître par Craven, poursuivant en outre la mise en abîme entre réel et fiction.
Ainsi, le meurtre fictif projeté sur l’écran reprenant exactement celui de l’ouverture du premier Scream, il permet au tueur du second film de passer à l’acte en toute impunité devant un parterre de témoins exaltés croyant ici à une mise en scène promotionnelle, une bonne blague, jusqu’à ce que la victime ensanglantée s’effondre devant l’écran et que toute la salle plonge dans le silence pour endurer le dernier cri de la jeune femme.

La seconde audace remarquable de cette suite est le sacrifice scénaristique de Randy, le cinéphile, sympathique repère du spectateur et meilleur ami de l’héroïne, survivant du premier opus et le plus à même de déjouer les plans du tueur.
Ainsi, au cours d’une après-midi ensoleillée, en plein milieu d’un parc universitaire, le tueur arrive-t-il à le piéger mortellement au terme d’une discussion par téléphone censée les distancés l’un de l’autre. La séquence prend en contre-pied les canons du genre voulant qu’un tel meurtre ne puisse avoir lieu dans un endroit aussi ouvert et peuplé, en plein jour qui plus est.

Le scénario poursuit sur sa lancée dans le jeu de fausses pistes jusqu’à culminer dans un remarquable climax confrontant l’héroïne au (aux) tueur sur la scène d’un théâtre désert, assimilant l’interaction des protagonistes à une pièce de théâtre. La comparaison entre les médiums du cinéma (l’ouverture) et du théâtre (le final) s’en trouve des plus pertinentes dès lors que Sydney semble être prisonnière de la scène et incapable de s’en échapper, ce qui peut-être vu à tort comme une incohérence. Théâtre encore dans l’intervention d’un deus ex machina en la personne de Cotton Weary qui sauve la situation à point nommée. Le film se termine alors de manière classique et appelle évidemment une continuité.

C’est un fait, Scream 2 n’a rien à envier au premier opus et en demeure un prolongement logique, réussissant à alterner judicieusement horreur et humour référentiel et proposant bon nombre de séquences plus inventives encore que le premier film (mais bien moins grossières que celles du troisième opus). Scream 2 arrive même à dépasser son modèle de par sa photographie soignée, son cadre ouvert mais pas moins oppressant et les meurtres plus audacieux de Ghostface (toujours aussi empoté ceci dit tant il se ramasse lamentablement à plusieurs reprises). Par contre, Marco Beltrami ne se sera pas foulé des masses en reprenant et améliorant son score du premier opus, en “empruntant” une partie de la B.O. de Broken Arrow à Hans Zimmer et en déléguant l’orchestration des répétitions théâtrales à Danny Elfman.

Au final, bien que souvent dénigré, Scream 2 demeure un très bon slasher et une excellente suite.

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