Deux ans après le semi-échec de Robocop 2, les producteurs aux abois d’une Orion en faillite abattront leur dernière carte en donnant une seconde suite au film de Verhoeven. Avant même la fin du tournage, la société fera faillite et Robocop 3 sera racheté et distribué par la MGM.
Dans un souci de brasser le plus large public, Orion demandera au consensuel réalisateur Fred Dekker, grand pote de Shane Black, d’expurger le script préalable de Frank Miller de ses débordements subversifs et donc trop choquants. N’en restera que le schéma narratif initial et quelques touches d’humour noir appréciables dont cette succession de suicides absurdes dans les locaux d’une OCP en pleine banqueroute, parallèle audacieux avec Orion.

Le récit est préalablement introduit à travers le point de vue d’une gamine de sept ans, hackeuse informatique de génie (très précoce) au sourire niaiseux. Privilégier ainsi une approche infantile c’est se foutre allègrement de la noirceur du propos des deux premiers films, donc pour ce qui est de situer ce film dans la continuité des deux premiers opus, on repassera.
Bien sûr, il y a ces clins d’oeil hautement déférents au premier film (flash-backs opportuns empruntés au premier opus, présence inepte d’un 209, opération de Murphy à travers son point de vue faisant écho à sa métamorphose dans le premier film… un vrai génie ce Dekker), inutiles tant l’élan optimiste des séquences va à l’encontre du propos cynique de Verhoeven. On aura beau discerner un second degré abrutissant, le film n’assumera jamais sa filiation.

Dekker réinvestit Murphy dans son statut de justicier, le malmène moins sévèrement que Kershner non sans le ridiculiser du mieux qu’il peut en en faisant un véritable empoté qui se laisse éclabousser de cocktail Molotov sans réagir ou se fait rétamer pitoyablement (et à plusieurs reprises) par un cyborg modèle samouraï, pour conclure son parcours dramatique (dans tous les sens du terme) en en faisant un héros populaire, un pur emblème américain et une figure patriarcale absurde.

Aseptisé, se détachant complètement de l’univers dépressif des deux premiers films, le film présente toute une galerie de stéréotypes en guise de personnages, et se révèle difficile à visionner tant il est visuellement moche et narrativement inepte.
Est-il vraiment utile de préciser que l’indigence d’un tel spectacle aura précipité sans surprise la fin de la franchise qui sera revendue à la télé canadienne pour une exploitation télévisuelle tout aussi bon marché qu’inadaptée pour le héros et son univers. Tombée dans les limbes de la fiction discount télévisuelle, la franchise sera récupérée par la MGM pour une refonte totale du concept et du personnage dans un remake tardif.

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